Tamron 17mm f/3.5 SP Adaptall
TAMRON SP 17mm 1:3.5 ø82 151B Japan No 004493
C’est une photo au 18mm (prise en pleine marche dans la jungle au milieu d’une colonne de guerilleros) parue dans un hors-série de Life, qui m’a convaincu de l’intérêt d’un objectif de moins de 20mm. Il faut dire que j’étais déjà un fervent utilisateur du 24 (cf Minolta MD [http://www.dg77.net/photo/x500/md24.htm] et Leica ASPH [http://www.dg77.net/photo/leicaM/elm24.htm]), au point que j’ai longtemps utilisé ce dernier davantage que l’objectif 50mm « normal ».
Une particularité du super-grand-angle est l’énorme profondeur de champ qui rend quasi impossible la mise-au-point sur le dépoli. Mieux vaut se servir soit du stigmomètre (s’il existe et s’il y a suffisamment de lumière), soit de l’échelle de P.D.C. gravée face à la bague de mise-au-point. En reportage, le plus simple est d’utiliser l’hyperfocale : par exemple à f/11, si la mise-au-point d’un 17mm est préréglée sur 1 mètre, la netteté sera obtenue de 0m53 à l’infini ; ou à f/8 : de 0m60 à 4m48, ce qui suffit pour assurer la netteté au milieu d’un groupe de personnes.
Tamron a fourni cet objectif de 1979 à 2000. Une première version (51B, 1979-1984) comportait un dispositif de filtres internes à insérer. La suivante (151B, 1984-2000), se contente du filetage classique sur la monture. Comme pour tous les objectifs du genre, le pare-soleil ne préserve guère des rayons obliques. Il a surtout un rôle d’indispensable pare-choc pour protéger la large lentille frontale, typique des grands-angulaires de formule retrofocus. On peut aussi utiliser un « filtre de protection » mais avec un diamètre de 82 mm, cette solution est coûteuse.
Cet objectif procure des images de bonne qualité, excellentes même vers f/11. Le Nikkor 18mm était réputé meilleur au centre (surtout en contraste) mais moins homogêne (bords moins définis) et vignettait davantage ; le Minolta alias Rokkor 17mm/4 était sans doute au moins égal mais sans supérioritié notable. La seule petite faiblesse de ce Tamron SP est la présence d’une légère distorsion, mais dans les limites admissibles pour cette catégorie d’optique.
- Caractéristiques
- Structure : 12 éléments en 10 groupes.
- Angle de vue : 104°.
- Diaphragme à 5 lamelles f1:3.5 à f1:22.
- Mise-au-point minimale : 25cm (rapport 1/9,6).
- Mensurations : ø71x47,5mm et 327g avec monture Adaptall.
- Diamètre de filtre 82mm.
Pour de plus amples informations voir : http://www.adaptall-2.com/lenses/51B.html. Le schéma qu’on y voit montre un 13e élément qui n’est autre que le filtre inséré sur la version 51B. On y trouve aussi le prospectus original en version anglaise, où le sens artistique de l’industrie nippone se déploie avec un goût qui peut se discuter, mais une ingénuité qui vaut bien le clin d’œil :
Ci-dessous : exemples d’utilisations.
La photographie d’architecture impose souvent de très courtes focales. Voici l’Allegro de Miribel (Ain), sur le point d’être inauguré début juin 1994. Noter que les ondulations des bandes au plafond ne sont pas forcément dues à la distorsion de l’optique ; il s’agit plutôt d’irrégularités du revêtement.
En revanche, la photo suivante montre la distorsion de l’objectif, qui devient sensible dans les angles (cf en haut à droite). Si une géométrie rigoureuse est désirée, il faudra en tenir compte en prévoyant un certain recadrage.
Cité internationale de Lyon, par Renzo Piano. La position de prise de vue est ici très avantageuse puisqu’on se trouve à mi-hauteur de ce bâtiment qui est partiellement en sous-sol. On ne risque pas d’avoir des lignes verticales convergentes (certains parlent de « fuyantes »), ce qui est le cas chaque fois que l’axe de l’objectif n’est pas horizontal.
Architecture intérieure. Salle de bain : un lieu aux dimensions restreintes.
Le super grand-angle est un moyen privilégié de se livrer au « graphisme ».
Encore du graphisme, de l’architecture et des escaliers. Remarque : le vignettage est imputable à la couverture insuffisante du flash et absolument pas à l’optique.
Juin 2005. Au hasard d’une pause sur la Nationale 7 dans le Bourbonnais ; j'avais décidé d’emporter le 17 mm pour éviter qu’il rouille et d’autres raisons aussi. Ces pales d’éolienne se sont trouvées là, un long sujet de prise de vue, pour lequel le super grand-angle ne demandait qu’à servir, et sans sortir de la voiture.
Début 1994. En trois vues depuis le parking des Halles de la Part-Dieu, panoramique du Nord au Sud sur la rue Garibaldi à Lyon. Noter que la photo intermédiaire est facultative, la cheminée Prodith au loin, dans le prolongement du Boulevard Eugène Deruelle, se voit sur les deux autres. Une vue au téléobjectif beaucoup plus serrée (du même point mais d’un étage plus élevé) se trouve dans la page consacrée au Tamron 80-200/2,8 LD
Voir aussi la page sur le flare.
Le 17mm est une focale extrême, on ne le conseillera pas dans les premiers achats. Pourtant il peut être logique de le choisir comme base dans certaines circonstances, par exemple dans une foule. Le marché, thême archi-classique, offre facilement l’occasion de photographier au 17. Attention encore à l’anamorphose (noter le visage déformé dans le coin) et ne pas oublier la mise au point : la profondeur de champ a beau être très étendue, à courte distance et avec une ouverture relativement grande, elle a ses limites.
Portrait et super grand-angle : le portrait en situation est la vraie manière de peindre l’humain dans sa touchante intimité.
On voit là qu’avec un 17 mm on peut photographier au juger et placer l’appareil de façon à obtenir des points de vue particuliers.
Au ras du sol cette fois ; le très grand angulaire autorise des perspectives inusitées :
Encore du portrait au super grand-angle de 17mm. Les sujets sont mis en relation étroite avec leur cadre, à la différence du portrait classique au (petit) téléobjectif où l’accent est mis sur le personnage net sur un fond flou ou indistinct.
Autre portrait en situation. Cette image illustre deux difficultés inhérentes aux objectifs grands-angles : d’une part les déformations accrues sur les bords ; d’autre part l’aspect souvent envahissant des premiers plans. Le deuxième point est en fait une conséquence du premier.
Cette image montre l’utilisation d’un grand-angle pour mettre en relation des plans successifs. Sur ce thème, voir aussi la page sur le 24mm.
Un des premiers enseignements à tirer de cet exemple est qu’il faut toujours veiller à désencombrer l’avant-plan (ici on a enlevé une bouteille d’eau minérale d’ailleurs inappropriée et quelques autres objets). On a aussi évité de placer le visage du sujet trop près des bords de l’image, cette photo permet de comprendre pourquoi.
L’image d’un objet en trois dimensions projetée sur un plan subit une déformation si l’objet n’est pas dans l’axe de vision : c’est l’anamorphose. Plus on s’écarte du centre de l’image et plus l’anamorphose est importante : l’image « s’étale » de plus en plus. Le phénomène est évidemment d’autant plus marqué que la focale est courte. Ci-dessous, l’élargissement des épaules peut être considéré comme amusant, mais la déformation extrême appliquée à un visage peut être trouvée moins plaisante !