Le web de Dominique Guebey – Photographie

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Voigtländer Heliar f/2.8 40mm aspherical

Sommaire

Présentation

Heliar 40/2.8 aspherical w:500, h:333, 83606, JPEG

Objectif semi grand-angle, couvrant le format 35mm, apparu en mars 2022, non seulement en monture à bayonnette compatible Leica M, mais aussi proposé en monture vissante M39 (LTM, ou « L » dans la terminologie Cosina / Voigtländer). Peu importe votre choix : cet Heliar sera adaptable sur de nombreux appareils photo et video. C’est d’autant plus intéressant que ce petit objet à l’allure désuète, dont la dénomination renvoie à l’année 1900, est en fait conçu pour les capteurs électroniques contemporains.

Quarante millimètres, c’est peu ou prou la diagonale du format 24x36, ce qui serait l’idéal selon certains. Ce fut d’ailleurs la valeur choisie pour l’optique de base du Minolta CLE [http://www.dg77.net/photo/cle/index.htm#mrokkor] et autres Leica CL. Songeons aussi aux nombreux compacts à objectif fixe de focale voisine : Contax T2, Canon AF35 (objectif 38mm) ; Olympus Trip, Canon QL17, Leica Minilux (40mm) ; Olympus 35 EC/RC (42mm)…1

Heliar 40/2.8 aspherical version L sur un Leica iiiF de 1951.
Heliar 40/2.8 aspherical - Leica iiiF w:500, h:333, 80674, JPEG

Cet objectif se distingue d’abord par sa compacité : 20,2mm de long en version L, mesuré depuis la platine et sans filtre.

Le bloc optique n’est pas une nouveauté : c’est celui du modèle « Classic » en monture courte de 2014, à baïonnette Leica M mais destiné aux appareils Sony Alpha. Dans ce dernier, une curiosité à vrai dire, la mécanique était particulière : l’objectif, dépourvu de rampe de mise au point, était utilisable seulement avec un adaptateur pour prise de vue rapprochée VM-E. Noter encore qu’il s’agissait d’un objectif à monture rentrante, et que sa bague de diaphragme n’était pas encliquetée. Pour cette version 2014, le calibre de filtre était de 37mm.

L’Heliar 40 de 2022 est autrement plus universel. Votre serviteur a choisi la version vissante, qui est d’ailleurs plus souvent sur le Leica M7 [http://www.dg77.net/photo/leicaM/m7.htm] à baïonnette que le iiiF LTM [http://www.dg77.net/photo/leicaM39/index.htm].

Cet objectif est tout indiqué chaque fois qu’on ne veut pas s’embarrasser de matériel. Pour avoir un appareil toujours à portée de main ou en déplacement (touristique ou autre), il fera merveille. Avec un Color Skopar 21mm f/4.0, il forme un duo idéal (au moins en photo argentique) pour l’exploration urbaine : l’un d’eux tient dans une poche de veste tandis que l’autre est en service. Ajoutez un objectif un peu plus long dans l’éventualité d’un portrait, et vous avez un jeu (ou set, comme dit l’autre) qui se défend fort bien.

Caractéristiques

Le diaphragme comporte 10 lamelles pour des zones floues parfaites, et le pare-soleil est fourni d’origine. Ce dernier n’est pas formidablement couvrant, mais c’est mieux que rien, dira-t-on. Il est conçu pour que s’y adapte le bouchon standard à emboîtement 43mm du fabricant, qui va aussi bien sur notre Color-Skopar f1:4.0 21mm. Cela n’empêche que le diamètre de filtre, au lieu du standard 39, est de 34mm2.

Heliar 40/2.8 aspherical sur un Leica M7.
Heliar 40/2.8 aspherical - Leica M7 w:500, h:328, 86423, JPEG

La distance minimum de mise au point est de 70cm, plus pratique que le mètre auquel se limitent la plupart des anciennes optiques.

Optique

Le schéma optique dérive du séculaire Heliar, à 5 lentilles en 3 groupes. C’est une variante du triplet, aux multiples déclinaisons (voir notre page Le triplet et sa famille [http://www.dg77.net/photo/tech/fasttrip.htm]).

Ce n’est pas le premier Heliar dont nous gratifie M. Kobayashi. Nous avons déjà eu droit au 50mm f/3.5 (2001 et 2009, LTM & Nikon S, et 2016 en monture M), peu lumineux mais dont la définition est réputée excellente. Il y eut aussi (2006 M, et 2009 LTM) un 50mm Heliar Classic d’ouverture f/2.0 qui le rend plus passe-partout et le pose comme concurrent des Planar à six lentilles.

Nous mettrons à part les Heliar Classic de 75mm f/1.8 (2010) et 50mm f/1.5 (2021), mis en perspective par ailleurs [http://www.dg77.net/photo/tech/fasttrip.htm#VC7518]. Leurs six éléments en trois doublets les apparentent plutôt aux vénérables Hektor de Leitz. Ces deux-là conviennent surtout au portrait.

Voigtländer Heliar 50 mm f/2,0 2009 w:203, h:159, 25680, JPEG

Les modèles précités sont constitués de lentilles sphériques traditionnelles, ce qui n’est pas exactement le cas du présent 40mm. Chez lui, la lentille intermédiaire comporte une face asphérique. Cette particularité (qui permet la même correction que s’il y avait six éléments), jointe à une ouverture f/2.8 qui reste modérée, est sans doute ce qui a permis de pousser l’angle de champ (diagonal) à 57°, au delà des 46° habituels du 50mm.

Maniement

Comme tout instrument super-compact, notre objectif est, certes, maniable mais pas aussi ergonomique que ses concurrents plus volumineux ; d’où quelques petites critiques. On constate en effet que la bague de mise au point a tendance à bouger pendant qu’on agit sur celle d’ouverture. Dès lors, modifier le diaphragme tout en visant oblige à retoucher le point après coup. La mécanique interne est ainsi simplifiée, ce qui est sans doute une des raisons du prix alléchant de cet Heliar (et aurait aussi l’avantage d’une bonne protection de l’hélicoïde contre les poussières). Mais, tout de même, c’est pousser l’esprit « vintage » un peu loin : on croirait voir un antique Elmar. Ce comportement et une course de mise au point qui n’en finit pas (180° alors que c’est généralement la moitié) ont mené Voigtländer à une curiosité : l’échelle des ouvertures est gravée deux fois sur la bague (d’où la présence de deux repères sur le fut).

Pour la mise au point on dispose d’une étroite canelure en bout d’objectif, qui se trouve à peu près inopérante si on a gardé le pseudo-pare-soleil (ce que suggère une élémentaire prudence) et à moins d’y avoir ajouté un filtre. Mais on dispose aussi et heureusement d’un ergot. Ce dernier est muni d’un bouton de verrouillage sur l’infini. Autre aspect inusité : faute de place, les distances sont gravées radialement, au lieu d’être en cylindre comme pour les ouvertures et l’échelle de profondeur de champ ; il faut donc basculer l’appareil pour les lire.

Sans pare-soleil ni filtre.
Heliar 40/2.8 aspherical sans pare-soleil ni filtre. w:500, h:500, 102450, JPEG

Visée

Le viseur d’un Leica M est dépourvu de cadre pour 40mm, c’est celui du 50mm qui apparaîtra si on utilise l’Heliar à baïonnette (version VM). Avec le modèle L (monture LTM, vissante), on utilisera la bague d’adaptation qu’on préfère : 35 ou 503. Avec cette focale de 40mm, la visée entraîne donc certains choix, voire renoncements. La question ne se pose pas, bien sûr, si on utilise l’objectif sur un appareil numérique doté du Liveview. Avec la visée télémétrique, plusieurs cas sont à envisager :

Faut-il préciser que sur un Leica M, ce petit caillou ne gêne en rien la visée télémétrique ?

Performances optiques

L’Heliar 40/2.8 aspherical donne de bons résultats nonobstant, à pleine ouverture, du vignettage et une baisse de contraste dans les coins. Sur ces deux points on s’attendait à pire, compte tenu de la compacité de l’objectif. On n’échappe pas non plus à une légère distorsion en coussinet.

L’aberration sphérique est bien corrigée, suffisamment en tous cas pour ne pas provoquer de focus shift.

Comportement en situation de contre jour : la résistance au flare et autres réflexions parasites est bonne, ce qui n’étonne pas avec une formule optique aussi simple.

L’aberration chromatique de l’Heliar 40/2.8 (question cruciale avec un appareil numérique) a été examinée de près par certains reviewers en vogue sur la Grande Toile (cf par exemple fredmiranda.com [https://www.fredmiranda.com/forum/topic/1750078/5] ). L’opinion générale sur ce point est la bonne correction de cette optique, ce qui peut rassurer même certains utilisateurs de boîtiers à haute définition, tels les Leica M10R, M11, Sony Alpha, et autre mirrorless à monture Leica-Panasonic L.

Exemples de photos

Leica M7, VC Heliar 40/2.8, filtre jaune, film Kodak TMX (TMax 100), f/2.8.
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, filtre Y, f/2.8, filtre Y, f/2.8, film Kodak TMX (TMax 100). w:720, h:472, 96077, JPEG
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, Portra 400.
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, Portra 400. w:720, h:486, 103331, JPEG
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, f/5.6, Portra 400.
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, Portra 400. w:720, h:486, 370442, JPEG
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, f/5.6, Portra 400.
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, Portra 400. w:720, h:486, 334882, JPEG
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, f/5.6, Portra 400.
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, Portra 400. w:720, h:486, 307422, JPEG
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, film Kodak Gold 200, f/2.8.
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, film Kodak Gold 200, f/2.8 w:720, h:486, 72512, JPEG
M7, cadre 35mm, VC Heliar 40mm f/2.8, Portra 400, f/2.8.
l:620, h:419, 69007, JPEG
Détails de la précédente.
l:490, h:352, 37382, JPEG l:379, h:485, 45404, JPEG
Leica M7, VC Heliar 40/2.8, Kodak Ultramax 400, f/2.8.
Leica M7, VC Heliar 40/2.8 w:500, h:740, 93533, JPEG
Leica iiiF, VC Heliar 40/2.8, film Kodak TMX (TMax 100), 1/100 f/4.0.
Leica iiiF, VC Heliar 40/2.8, 1/100 f/4.0, film Kodak TMX (TMax 100). w:669, h:446, 102161, JPEG
Leica M7, cadre 35mm, VC Heliar 40/2.8, Portra 400, f/8.
l:720, h:486, 399440, JPEG
Leica M7, cadre 35mm, VC Heliar 40/2.8, Portra 400, f/5.6.
l:727, h:491, 378703, JPEG
Leica M7, cadre 35mm, VC Heliar 40/2.8, Portra 400, f/5.6.
l:727, h:491, 375934, JPEG
Leica M7, cadre 35mm, VC Heliar 40/2.8, Portra 400, f/5.6.
l:491, h:727, 386415, JPEG
Leica M7, cadre 35mm, VC Heliar 40/2.8, Portra 400, f/5.6.
l:727, h:491, 356856, JPEG
Leica M7, cadre 35mm, VC Heliar 40/2.8, Portra 400, f/5.6.
l:500, h:740, 119332, JPEG l:740, h:500, 127375, JPEG

Notes