Le web de Dominique Guebey – Photo, quincaillerie

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Canon S 35mm f/2.8 (LTM)

Canon S 35/2.8 Serenar
Avec bague d’adaptation pour baïonnette M

Présentation

Voici un objectif classique en monture vissante compatible Leica M39, donc utilisable sur une foultitude d’appareils photo, y compris les derniers hybrides / mirorless bourrés d’électronique. Il fut produit (en deux versions) de 1951 à 1964.

Une focale de 35 mm (sur format 24x36 mm) est un léger grand-angle (champ diagonal 63°). C’est l’objectif « standard » des reporters, qui le préfèrent au 50 mm (46°).

Sur un Leica iiiF de 1951

Un rapide historique : en 1936, l’ouverture de f/2.8 constituait un nouveau record pour un 35 mm, quand naquit le Biogon chez Carl Zeiss, destiné aux Contax. Le Jupiter 12 en fut le clône soviétique, produit jusque dans les années 1970. Il fallut attendre 1951 pour qu’apparaisse le Canon Serenar 35/2.8 ; et 1957 pour que Leitz sorte son Summaron de même luminosité. À la différence du Zeiss, ces deux-là étaient des Planar (le fameux dérivé du double-Gauss à 6 éléments en 4 groupes)1.

Canon S 35/2.8
Serenar 35/2.8

Aujourd’hui encore, le Canon S 35/2,8 offre une luminosité intéressante tout en étant un des moins encombrants 35 mm ; son rapport qualité/prix ne manque pas non plus d’attraits.

Un des avantages des Canon S est le prix auquel on peut les trouver, alors que l’excellente réputation des Summaron (et le prestige Leitz/Leica) a résulté en une hausse abusive du tarif de ces derniers. Les Canon restent un peu dans l’ombre ; pourtant la conception est la même, et la réalisation nippone assurément pas plus mauvaise que la germanique ; tant mieux.

Sur un Leica M7
Canon S 35/2.8 sur un Leica M7

Le Canon utilisé (et non pas testé) ici est le modèle chromé originel, dans une édition dépourvue de l’étiquette Serenar. La seconde version de 1957 se distingue par son fut noir. Mais il n’importe : Serenar ou pas, noir ou chromé, il sont tous optiquement semblables. Seul le traîtement antireflet peut avoir évolué. Le site Canon Camera Museum [https://global.canon/en/c-museum/index.html] indique que la première version ne fut diffusée qu’au Japon et aux États-Unis. Ceci expliquerait pourquoi on ne la trouve qu’avec l’échelle des distances graduée en pieds. Elle était vendue avec le viseur annexe, outre un étui en cuir (mais sans pare-soleil il est vrai) ; ces petites attentions disparurent ensuite (c’est presque toujours comme ça).

Le viseur est doté d’une came avec les mêmes graduations que la bague des distances, ce qui permet de l’ajuster en fonction de la parallaxe. C’est là un avantage indéniable sur le SBLOO de Leitz. En revanche, il n’offre qu’une vision plein cadre : on n’aperçoit aucune marge à la périphérie du champ (cela dit, les habitués du reflex se demanderont où est le problème).

La mise au point minimum est à un mètre, ce qui est limitatif ; petit travers courant sur les matériels anciens, ce n’est pas ça qui rebutera le véritable amateur.

Le modèle 1951 est, paraît-il, un peu moins ergonomique que celui de 1957 ; on lui pardonnera ce léger inconvénient du fait de sa compacité, mais aussi en raison de sa luxueuse fabrication en laiton chromé qui surclasse celle, en banal aluminium, de la version « noire ».

On notera que la bague des diaphragmes est crantée, ce qui n’était pas si courant en 1951 et constitue un avantage certain en reportage sur le vif (pas besoin de quitter l’œil du viseur pour modifier l’ouverture).

Serenar 35/2.8

Cette version 1 reçoit les filtres de 34 mm, la 2 ceux de 40 ; ni l’un ni l’autre diamètre ne correspond à un standard reconnu. Il existe des adaptateurs pour accommoder les accessoires d’autres dimensions.

Il reste la question du pare-soleil — je n’ai pas encore précisé que la lentille frontale est quelque peu exposée aux rayons obliques. Canon en aurait fabriqué deux, convenant à ses 35 “S” : un modèle rond (indication 50/1.8, 35/3.2, 35/2.8) plutôt conseillé pour usage avec viseur annexe ; et un rectangulaire ajouré. Grâce au ciel, un coup d’œil avec mon double-décimètre, outre un simple essai avec un FISON [http://www.dg77.net/photo/leicaM39/accessoi.htm#fison], me permet d’affirmer que l’objectif en question supporte la vieille norme E36, ce qui rouvre l’horizon : un FOOKH de chez Leitz devrait convenir.

Serenar 35/2.8

Exemples en couleur

[Diapositive/slide Fuji Provia 100] Le rendu de ce Canon S 35mm f/2.8 alias Serenar est classique pour ne pas dire à l’ancienne. L’image est correctement définie mais le contraste est faible à pleine ouverture. En fermant de deux crans l’amélioration est visible à l’œil nu. Aucun post-traîtement après la sortie TIFF du scanner Coolscan V ED (logiciel Vuescan).

Diaphragme f/2,8
Diaphragme f/5,6
Détail / Crop, Diaphragme f/2,8
Détail / Crop, Diaphragme f/5,6

[Diapositive/slide Fuji Provia 100] Ci-dessous : ouverture f/8 à la distance minimum – 1 m (aucun renforcement) :

Détail / Crop
Détail (haut-droit / upper-right)

Ci-dessous : fermer le diaphragme à f/8 améliore visiblement l’image. On a utilisé ici une émulsion négatif couleur Kodak Portra 400, le scan converti en noir et blanc. Là encore, aucun renforcement ou travail du contraste n’a été appliqué après coup.

F/2.8
F/8.0

[Diapositive/slide Fuji Provia 100] Quelques instantanés / snapshots :

Tour Incity dans brume hivernale
Depuis l’ancienne gare des Brotteaux, face à l’immeuble Le Carat à Lyon
Immeuble Le Carat et la Gare des Brotteaux
Détail

Notes