Konica M-Hexanon 35 mm f/2,0
Sommaire
Exposé des motifs
Dans ma trousse à outils cet objectif a pris la succession du Voigtländer Ultron aspherical 35 mm f/1,7 (version 1 LTM voir la page qui lui est consacrée [http://www.dg77.net/photo/VC/ultron35.htm]). Je n’ai jamais été fanatique du 35, je le considère plutôt comme une focale spécialisée, complément utilitaire du 50, appréciable pour sa facilité d’emploi plus que pour l’esthétique du résultat. C’est l’objectif du « reportage humain » et des instantanés (snapshot). Aussi bien, et ne serait-ce que pour ne pas s’embêter quand on est acculé à devoir produire des photos-souvenir familiaux, il en faut un…
Pour qui voudra des exemples de photos au 35 mm : outre les images infra, et celles de la susdite page consacrée à l’Ultron, on en trouvera d’autres à propos du Konica Hexar AF [http://www.dg77.net/photo/hexar/index.htm#exemples].
- Constat
- Le 35 est utile. Parfois cette focale s’impose, non que l’image finale soit plus belle qu’au 50 mm, mais parce que les circonstances de la prise de vue nécessitent une maniabilité supérieure. D’où la recherche d’un modèle de référence.
- Améliorations par rapport à l’Ultron
-
- Qualité de fabrication : s’il est vrai que les objectifs Leica sont fabriqués comme des Mercedes (les Voigtländer étant alors des Ford), eh bien on doit convenir que les Hexanon sont des Rolls-Royce.
- Bon dès f/2,0.
- Meilleur à contre-jour (flare mieux contrôlé), .
- Distance minimum améliorée (70 cm au lieu de 90).
- Ergot de mise-au-point.
- Somptueux pare-soleil ajouré tout métal. On frémit à penser au prix qu’atteindrait un modèle équivalent, par exemple chez Carl Zeiss, puisque la règle semble aujourd’hui que cet ustensile pourtant indispensable soit vendu mesquinement à part.
- Défaut
- Comme on ne peut tout avoir, cet M-Hexanon est relativement volumineux (quoique ni plus ni moins que le Zeiss ZM Biogon 35 f/2,0, ou le Leica Summilux ASPH f/1,4). Mais au moment du choix, toutes ses autres qualités jointes à un prix très convenable en occasion lui ont permis d’emporter la palme sans difficulté ni remord.
Présentation
Objectif produit seulement de 2001 à 2003. Des documents peuvent être trouvés sur le site Konica-Minolta [http://www.kenko-tokina.co.jp/konicaminolta/support/manual/ls/ht.html] . Quelques compléments sur les gammes Konica 24x36 se trouvent infra sous la rubrique Quid des Hexanon de Konica ?
Diam. 55,7 mm, long. 45,1 mm, poids 260 g, iris à 10 lamelles.
Filtres 46 mm. Remarque sur la fixation des filtres : plutôt qu’augmenter la longueur de l’ensemble en intercalant le filtre à l’arrière du pare-soleil, il est possible de l’insérer dans ce dernier. Pour cela, désassembler le pare-soleil et la bague sérigraphiée. Cela permet de libérer la bague interne qui assure la fixation à l’objectif. Remplacer celle-ci par le filtre, puis réassembler le pare-soleil et la bague sérigraphiée. Comme souvent, les filtres à monture mince sont à privilégier.
Optique
Formule optique
Huit éléments en 7 groupes. Formule optique spéciale, différente de celle des UC-Hexanon comme du 35 qui équipe l’Hexar AF [http://www.dg77.net/photo/hexar/index.htm#objectif], lesquels sont de la famille des W-Nikkor [http://www.dg77.net/photo/tech/fastgaus.htm#planar35]1.
La formule optique montre une certaine similitude avec le Voigtländer Ultron [http://www.dg77.net/photo/VC/ultron35.htm#pres]. Ce dernier, pourtant plus lumineux, présente une lentille frontale de diamètre inférieur. La compacité (très relative) de l’Ultron peut s’expliquer par la présence d’un élément asphérique. Mais la première impression est que chez Konica on n’a cherché aucune concession ou compromis pour limiter la taille de l’objet.
La lentille frontale concave fait immanquablement penser aux LEICA ASPH de 35 mm apparus quelques années auparavant (cf le Summilux ASPH). La partie arrière se rapproche d’un classique biogon [http://www.dg77.net/photo/tech/fastga.htm#biogon], raison plausible de son volume non négligeable, comme l’excellent (en diaphragmant un peu) ZM Biogon de chez Carl Zeiss.
Performances
À f/2,0 les courbes FTM (MTF) sont un peu moins élevées au centre que pour un Leica Summicron ASPH, mais jusque vers les bords la baisse est modérée et sans effondrement ; de plus on n’observe pas les méfaits d’une courbure de champ sensible, et les mesures sagittales et tangentielles sont déjà presque confondues, ce qui augure d’un superbe rendement en fermant un peu le diaphragme.
Quelques précisions glanables en consultant « The Development of the Konica M-HEXANON 35 mm F2.0 » [http://konicaminolta.jp/about/research/technology_report/2001/pdf/18.pdf] (PDF-Japonais2 ) : avec cet objectif, variante du type retrofocus (ce qui peut aussi expliquer ses dimensions) utilisant des verres à haut indice de réfraction, les designers étaient fermement décidés à dépasser non seulement l’UC-Hexanon (cf infra) mais aussi le Leica Summicron « pre-asph ». Il semble qu’ils y soient parvenu assez largement. Le M-Hexanon de 35 mm f/2,0 serait méticuleusement optimisé, une approche comparable à celle de Zeiss – cf le ZM Biogon. Plutôt que d’offrir un record de contraste au centre, il est conçu pour assurer dès la pleine ouverture une meilleure qualité à la périphérie de l’image, ainsi que la conservation de cette qualité à toutes les distances ; de plus le flare et les aberrations (notamment coma et astigmatisme) sont mieux contrôlés. À f/4,0 l’ensemble du champ est aux sommets. En définitive l’amélioration est sensible par rapport à l’UC Hexanon, affligé d’aberration sphérique et de son corrolaire le focus-shift3 (et limité à 90 cm).
M. Erwin Puts a étudié cet objectif et livrait naguère ses conclusions sur son site internet (chercher dans www.imx.nl via web.archive.org [http://web.archive.org/web/20041204222926/http://www.imx.nl/photosite/japan/hexarrf.html] ) confirmant cela :
- À f/2,0 : image excellente au centre (dans un diamètre de 12 mm), en baisse sur les bords. Le contraste est inférieur à celui du Summicron ASPH ; dans les hautes lumières du flare perturbe la restitution des fins détails. Aberration chromatique latérale présente.
- À f/2,8 : légère amélioration, le flare disparaît.
- À f/4,0 : progression sur tout le champ, la qualité rejoint le Leica ASPH sauf pour l’aberration chromatique. En revanche la résolution du Konica est plus élevée.
- Ce n’est pas fini : l’optimum selon M. Puts se situe vers f/8 ! Décidément, le Summicron ASPH de Leica ne justifie sa douloureuse facture que si on photographie souvent et préférentiellement à pleine ouverture.
- Globalement : cet objectif surclasse le Summicron préasph ; l’astigmatisme est très bien corrigé (agrandissements géants envisageables), et la qualité des résultats est maintenue à courte distance — critère essentiel pour qui veut en faire son objectif de base.
Bokeh et tenue à contre-jour (exemples)
Voir également la page comparatif M-Hexanon vs Ultron. [http://www.dg77.net/photo/VC/compar35.htm]
Ci-dessous, diaphragme fermé, mais le soleil tape dur dans la lentille frontale.
Le 35/2 M-Hexanon sur le terrain
En diaphragmant un peu, des images fouillées sont obtenues sans problème : de l’intérêt d’utiliser un 35 mm moderne.
Le M-Hexanon brille autant à courte distance.
Photo d’enfant. Cette fois-là j’ai apprécié la mise-au-point à 70 cm. Diaphragme f/2,8 ; diapositive Fuji Provia 100. Sur le thème on photographie les enfants en se mettant à leur hauteur, voir aussi des photo prises avec le Voigtländer Ultron 35/1,7 [http://www.dg77.net/photo/VC/ultron35.htm#kid].
Encore les enfants. On utilise parfois l’expression « rendu tridimensionnel » ou 3D pour exprimer une forme d’émerveillement devant la puissance de restitution d’un objectif. L’examen attentif de cette diapositive (Velvia 50) montre que le M-Hexanon 35/2,0 mérite autant que beaucoup d’autres qu’on lui attribue semblable vertu.
L’objectif de 35 mm est par excellence l’outil souple du reportage rapide. Avec sa profondeur de champ assez confortable et sur de tels sujets tridimensionnels, il est peu probable que les écarts de tirage mécanique K-M/Leica (cf infra questions de compatibilité) puissent influer un tant soit peu sur la qualité d’image.
Il y avait foule lors de cette exposition d’Ikebana. J’aurais préféré utiliser le 50 mm, mais obligé de me rapprocher au maximum pour ne pas avoir de badaud devant l’objectif, le 35 mm a été bien utile.
Là encore, le 35 fut promptement installé à la place du 50 pour assurer cette photo, infiltré au milieu du public.
Autre groupe photographié de près, circonstance où le 35 mm est une focale quasi-obligatoire.
Photo à pleine ouverture sans flash (film 100 ISO) ; en intérieur, avec le manque de recul, il est bon d’avoir un 35 mm sous la main.
La profondeur de champ au 35 est plus étendue qu’avec le 50. Mais à f/2,0 et à proche distance elle reste limitée : on remarquera que la netteté du tableau sur le mur a été privilégiée par rapport à celle du premier plan. L’M-Hexanon montre ici un bon rendu des couleurs.
Quid des Hexanon de Konica ?
Différentes montures
Il faut distinguer les M-Hexanon — à baïonnette KM compatible Leica-M — des UC Hexanon antérieurs, à monture vissante (utilisables sur baïonnette M avec une bague d’adaptation). Les M-Hexanon accompagnaient quant à eux les appareils télémétriques Hexar RF produits d’octobre 1999 à fin 20034.
On eut dans l’ordre :
- En 1999 : les 28, 50 et 90 mm.
- En 2001 : le 35 et le 50/1,2.
- En 2002 : le bifocal 21-35.
Questions de compatibilité
La monture K-M
La compatibilité des objectifs K-M avec les boîtiers Leica (et vice-versa) a fait l’objet de certaines discussions. La question est venue d’une méthode de mesure du tirage différente entre les deux fabricants. À strictement parler, ce problème de tirage mécanique doit être distingué des ennuis de back focus optique, bien connus des utilisateurs de reflex numériques hauts-de-gamme qui veulent tirer la quintessence de leur lourde et coûteuse acquisition.5
Pour être détecté, ce phénomène suppose une prise de vue préférentiellement à grande ouverture (mais pas nécessairement à courte distance), et un très fort agrandissement pour examiner la photographie résultante. De quoi faire dresser l’oreille au leicaïste de base, toujours ardemment désireux de pouvoir utiliser le format 24x36 à la limite des ses possibilités — même si on sait que ces dernières dépassent, et bien au delà, l’usage qu’on en fait généralement.
Sur pellicule
Si vraiment il y eut problème, il semble qu’il n’a jamais été rédhibitoire6 : certains leicaïstes déclarent que les images obtenues avec leur M-Hexanon leur ont fait sortir littéralement des larmes de bonheur. Si on doit se borner à un seul conseil, c’est d’avoir le réflexe (toujours utile, mais encore plus avec les courtes focales à la très faible profondeur de foyer) de tendre le film avec la manivelle avant de déclencher.
Capteurs numériques
Une remarque : ces petites inquiétudes deviennent sans objet si on utilise le M-Hexanon sur un de ces appareils à capteur APS-C et objectif interchangeable apparus vers 2010. Comme le point à l’aide du viseur électronique est effectué directement sur le capteur, il n’y a pas lieu de craindre un écart entre système de visée et prise-de-vue.
Notes
- 1. À côté de l’UC-Hexanon, il a été produit en 1996 une série spéciale de 1000 L-Hexanon, objectifs M39 eux aussi mais utilisant l’optique de l’Hexar AF. Cf portretteur.nl [http://portretteur.nl/index.php?option=com_content&view=article&id=53:uc-hex&catid=37:lenses&Itemid=58]
- 2. Merci aux ressources de traduction d’internet, notamment Yahoo! Babelfish.
- 3. Aberration sphérique grâce à laquelle les fins amateurs de bokeh pourront bien sûr continuer d’apprécier l’UC-Hexanon.
- 4. 2003 fut l’année de la fusion Konica-Minolta, ce qui nous remet en mémoire l’ancien partenariat de Minolta et Leica. Minolta fournissait des chassis et des blocs optiques (24 mm, zooms…) pour les Leica R ; et produisit ses CL (1973) puis CLE (1981) à baïonnette Leica-M à une époque où cette dernière était encore protégée.
Konica-Minolta fut absorbé en 2006 par Sony (dont les boîtiers reflex utilisent ni plus ni moins que la baïonnette des Minolta Maxxum autofocus apparus en 1986).
- 5. La question pourrait être particulièrement critique avec les boîtiers numériques comme les M8 ou M9, lesquels, contrairement aux appareils à film, ne tolèrent aucun écart entre le système de visée et le positionnement de la surface sensible. Curieusement et a contrario la consultation de rangefinderforum.com tend à montrer que les utilisateurs d’Epson RD1 se déclarent satisfaits alors que cet appareil n’est pas censé être fabriqué avec le même soin que le matériel Leica (mais il est vrai que son capteur APS-C plus petit procure une profondeur de champ plus importante ; et son capteur de 6 Mpx est moins apte au coupage de cheveux en quatre).
- 6. c’est l’inverse (optique Leica sur boîtier Hexar RF) qui serait surtout problématique.