Leica vissants
Sommaire
- Rapide introduction
- Leica IIIf
- Côté cailloux
- Accessoires (viseurs, pare-soleil etc.)
- Références
- Notes
Rapide introduction
La monture M39
Matériel à monture d’objectif vissante alias M39, ou LTM (Leica Thread Mount) ou encore LSM (Leica Screw Mount).
Cette monture a connu un grand succès depuis les années 1930 jusqu’à une époque récente1. C’est par ailleurs toujours le standard des objectifs d’agrandisseurs.
La gamme des Leica vissants
- Leica I
- Lancé en 1930. Suivant de près le modèle A à objectif fixe, le modèle C à objectif interchangeable connut un rapide succès.
- Leica II
- Nouveauté importante : télémètre incorporé au boîtier.
La mise au point devient précise et rapide.
Obturateur 1/500e-1/20e (dépourvu des « vitesses lentes »).
- 1932-1948 : première version.
- 1948-1951 : chassis moulé en métal injecté.
- 1951-1956 : IIf, similaire au IIIf (sauf les vitesses lentes).
- Leica III
- Obturateur plus perfectionné, pourvu des « vitesses lentes ».
-
- 1933-1939 : modèle initial.
- 1935-1940 : IIIa, obturateur autorisant le 1/1000 s.
- 1938-1946 : IIIb, système viseur/télémètre amélioré, certains modèles ont une synchro-flash.
- 1940-1950 : IIIc, chassis moulé en métal injecté, nouvel obturateur.
- 1940-1945 : IIId, retardateur, 425 exemplaires.
- 1950-1957 : IIIf, apparition de la synchro flash. Cf infra pour les variantes.
- 1957-1960 : IIIg, nouveau viseur à cadres 50+90 mm.
Leica IIIf
Présentation
« F » pour flash. Cet appareil était une évolution du IIIc antérieur (1940-1951), appareil déjà remarquablement abouti et bien fabriqué, qui vous conviendra aussi bien si vous excluez l’utilisation du flash avec ce genre d’appareil (cas le plus probable).
Il y eut plusieurs versions du IIIf :
- 1950-1952 : obturateur synchro flash 1/30e, gravure en noir sur le barillet des vitesse.
- 1952-1954 : obturateur synchro flash 1/50e, gravure en rouge sur le barillet des vitesse.
- 1954-1957 : comme le précédent, ajout du retardateur2.
Quoique onéreux, cet appareil eut beaucoup de succès et est encore facile à trouver. Son fonctionnement donne généralement satisfaction, ce qui n’est pas toujours le cas avec les équivalents soviétiques de la même époque. De plus on peut toujours trouver des ateliers aptes à assurer la maintenance des Leica anciens.
Avant-guerre, le grand concurrent du Leica fut le Contax de la puissante firme Zeiss Ikon. C’était un appareil perfectionné (quasi sophistiqué) et ses objectif Carl Zeiss étaient alors supérieurs3. Mais, outre le fait que les Leica gardent l’attrait de leurs dimensions minimalistes, les Contax sont d’un maniement moins pratique et semblent moins bien vieillir4.
En 1954 apparut le Leica M3, doté d’un excellent viseur (qui fait qu’il est toujours très apprécié) et utilisant une nouvelle monture à baïonnette. Son prix très élevé ne l’empêcha pas d’être le plus grand succès commercial de l’histoire de Leica.
L’ultime Leica « vissant » fut le IIIg (1957-1960). Il ajoutait quelques éléments de confort (correction de parallaxe en fonction de la distance, cadres de visée ajustable suivant la focale de l’objectif – choix 50/90 mm), mais il s’agit là de frivolités qui laisseront de marbre le puriste.
Le Leica III est un choix judicieux pour qui veut disposer d’un appareil à pellicule « toujours prêt », à emporter partout avec soi (au bureau ou dans des lieux encore plus inhospitaliers) ; compact, fonctionnant sans pile, doté d’un parc gigantesque d’objectifs adaptables : que demander de plus ? Et puis, à l’ère du tout-numérique, si on persiste à utiliser du film, autant que ce soit avec un appareil de « caractère ». Au surplus, le fait d’utiliser un tel objet ne peut entraîner que des réactions sympathiques et curieuses : non seulement vous ne risquez pas de connaître l’hostilité que doivent affronter parfois les reporter professionnels, mais encore ce sont les sujets qui viendront à vous.
Caractère et caractéristiques
- Avantages
-
- Poids léger (430 g. avec film et sans objectif) : sensiblement moins lourd qu’un M7 (630g.), par exemple.
- Compacité : s’ajoutant au poids modéré, le gabarit contenu du Leica à vis est un de ses agréments majeurs. Il peut m’arriver de sortir avec un Leica III (Elmar 50 rentré) glissé dans une poche d’imperméable, voire la poche poitrine de mon blouson (ce qui serait peu indiqué avec un M5).
- Silence. L’obturateur est réellement discret ; à côté de ses aïeux vissants, un M7 est bruyant.
- Parc d’objectifs disponibles6.
- Beau…
- Budget : pour un peu on oublierait cet aspect de la question. Les appareils vissants sont plus abordables que les M plus récents. Et si votre bourse est vraiment petite, vous pourrez (avec un peu de patience) trouver un objectif ex-soviétique correctement fabriqué et pas trop usé, qui vous procurera des satisfactions garanties pour une somme dérisoire.
- Inconvénients
-
- Fonctionnement totalement manuel, donc relativement lent à manœuvrer. Un photographe né après l’autofocus7 sera quelque-peu dérouté au début. Mais si tout est effectivement plus lent (y compris le changement d’objectif, le chargement du film et son rembobinage), cela peut avoir de bons côtés : l’opérateur apprend vite à être prêt et se concentrer sur l’essentiel ; mitrailler veut rarement dire bien photographier — et, après tout, c’est sous les contraintes qu’un artiste véritable s’exprime le mieux8.
- Conception ancienne du viseur, avec télémètre
séparé. Réflexions sur ce sujet :
- Les deux œilletons sont côte-à-côte, ce qui, avec un peu d’entraînement, supprime quasiment toute gêne. C’est l’avantage décisif des IIIc et IIIf sur les IIIa (et IIa) antérieurs, sur lesquels les viseurs sont écartés de plusieurs cm.
- L’oculaire gauche est celui du télémètre ; son grossissement x1,5 est inconnu sur les appareils actuels, ce qui permet une incomparable précision de mise-au-point. Le viseur proprement dit (œilleton droit) cadre le 50 mm ; la visée y est particulièrement claire.
- Le Leica III excelle surtout au 50 mm. Pour les autres focales, il faut un viseur annexe qui augmente les dimensions de l’ensemble (mais certains lui trouveront alors un charme vintage irrésistible)9.
- La compacité du Leica n’est effective qu’avec une optique elle-même compacte. Le viseur étant très proche de l’objectif, le simple ajout d’un pare-soleil peut annuler cet avantage puisque, même avec un objectif de 50 mm10, il peut être utile d’ajouter un viseur externe — tel le SBOOI.
- La visée n’offre pas l’avantage des « viseurs clairs », qui permettent souvent de voir ce qui se passe en dehors du cadre. Réponse : il faut bien que les M offrent quelque-chose de plus…11
- Certains objectifs nécessitent de toute façon un viseur externe. C’est surtout le cas des très grands angulaires. Pourquoi ne pas utiliser votre Leica vissant comme porteur occasionnel (par exemple) d’un 15 mm Voigtländer, puisque votre ultra-moderne et plus volumineux M ne fera pas mieux ?
- Pas de cellule-posemètre intégrée. Objection rejetée :
- C’est la conséquence logique d’une qualité précisément recherchée avec ce type de boîtier : un appareil entièrement mécanique, fonctionnant sans pile.
- Il est possible de glisser dans la griffe porte-flash un Leicameter, ou une cellule Voigtländer ou autre.
- On n’est pas un vrai photographe si on n’a pas au moins une cellule à main.
- On n’est pas un vrai photographe (bis) si on ne connaît pas les rudiments traditionnels de l’exposition pifométrique. Voir la page ad-hoc [http://www.dg77.net/photo/manuel/expo.htm] et réviser l’ancestrale « règle du f/16 ».
A savoir
- Pour être utilisable, l’appareil doit être fourni accompagné de la bobine réceptrice.
- Hors prise-de-vue, laisser l’obturateur désarmé.
- Réarmer d’abord, modifier la vitesse ensuite.
- Au déclenchement, veiller à ne pas toucher la molette des vitesses12.
- Objectifs rétractables : monter/démonter l’objectif en position sorti13.
Chargement du film
L’amorce des films doit être prédécoupée sur une longueur de 10 cm (soit 21 perforations du côté non « trimé », au lieu des 10 du standard).
Attention de bien pratiquer une découpe incurvée, en une seule taille : avec deux coups de ciseaux, il y a risque de rupture de la languette à l’intérieur de l’appareil. Pour faciliter la tâche, Leitz avait prévu un gabarit de découpe ABLON (68320). Un ABLON et un canif ou autre Opinel devraient donc se trouver dans les poches de tout Leicaïste sérieux.
Une pellicule ainsi préparée s’adapte parfaitement dans un Leica M « moderne ». N’hésitez donc pas à préparer ainsi votre stock de film, il pourra nourrir aussi bien le Leica vissant, que vos M7, MP, M3 etc.
ATTENTION : si vous remettez la cartouche à un laboratoire, laissez en toujours sortir l’amorce, sans quoi l’opérateur non averti risque de causer du dégât à l’extraction du film.
Fonctionnement au flash
Le Leica iiif peut utiliser aussi bien des ampoules flash (flashbulb) que le flash électronique contemporain. Je n’insisterais pas outre-mesure sur l’utilisation des premières, même si j’en ai grillé un certain nombre à l’heureux temps de l’Instamatic [http://www.dg77.net/photo/insta50/index.htm]. Mais pour éclairer, dirais-je, la lanterne des curieux, il est utile de rappeler la différence entre les deux types14 :
- Les ampoules flashbulb (à usage unique) ont un cycle d’inflammation relativement long : elle doivent être activées avant que commence l’ouverture de l’obturateur. Avantage : utilisables à toutes les vitesses d’obturation.
- Le flash électronique moderne a un éclair particulièrement bref, il ne peut être déclenché qu’après l’ouverture complète de l’obturateur.
L’utilisation du flash sur un Leica iiif se règle à l’aide du curseur annulaire qui entoure la molette des vitesses. Les valeurs à utiliser dépendent du modèle d’obturateur :
- Leica iiif 1re version (synchro 1/30e) au flash électronique :
- Curseur 2, vitesse 1/30 ou plus long.
- Leica iiif 2e version (synchro 1/50e) au flash électronique :
- Deux réglages envisageables15 :
- Curseur 0, vitesse 1/25 ou plus long.
- Curseur 20, vitesse 1/50.
- Leica iiif avec flashbulb :
- Vitesse sur « B », voir le manuel… et faire des tests, car le n° de contact varie avec le modèle d’ampoule utilisé.
Détails
- Molette d’armement / avancement du film.
- Compteur de vues.
- Déclencheur.
- Memo-film.
- Bouton des vitesses rapides16.
- Version 1950-52 : 1000-500-200-100-60-40-30.
- Version 1953-57 : 1000-500-200-100-75-50-25.
- Bouton des vitesses lentes17.
- Bague de diaphragme (position spécifique à l’objectif Elmar 3.5/5cm).
- Levier/ergot de mise-au-point/blocage sur l’infini.
- Echelle des distances.
- Echelle de profondeur de champ.
- Double oculaire (télémètre à gauche, viseur à droite).
- Fenêtre du viseur
- Télémètre.
- Levier d’ajustement dioptrique de l’oculaire du télémètre.
- Molette de rembobinage.
- Levier de rembobinage.
- Griffe porte-flash.
- Curseur de réglage pour le flash.
- Prise de synchro-flash.
Références
- Le Leica IIIf, un bijou des années 50 (Michel Pourny). [http://www.leicagraphie.com/leica3f.html]
- Le Leica IIIc, un télémétrique de légende [http://35mm-compact.com/anciens/leicaIIIc.htm]
- Leica IIIf, by Ken Rockwell. [http://www.kenrockwell.com/leica/screw-mount/iiif.htm]
- Démontage d’un Leica vissant (Rick Oleson) [http://rick_oleson.tripod.com/index-154.html]
- Remplacement de l’obturateur (PDF – par le même) [http://rick_oleson.tripod.com/leicashutter.pdf]
- Résurrection d’une épave. [http://www.zorkikat.com/2009/07/basic-leica-fix-%E2%84%961-bringing-a-leica-back-from-the-dead/]
- Bases sur la maintenance des leica vissants, PDF 20p. [http://www.pentax-manuals.com/manuals/service/screw_mount_leicas.pdf] (page repairs [http://www.pentax-manuals.com/repairs.htm] du site pentax-manual.com)
- Manuel complet du IIIf, PDF 123p. [http://www.pentax-manuals.com/manuals/service/leica_iiif.pdf] (page repairs [http://www.pentax-manuals.com/repairs.htm] du site pentax-manual.com)
Notes
- 1. C’est seulement à partir de 2008 que Cosina-Voigtländer s’est mis à discontinuer la plupart des objectifs encore produit avec cette monture. Le 90/3.5 fut au catalogue jusqu’en septembre 2011.
- 2. La version à retardateur est reconnaissable à la présence d’un levier sur la face avant, à côté du bouton des vitesses lentes.
- 3. Alors qu’il fallut attendre le Leica II pour avoir un télémètre couplé, et le IIIa pour disposer du 1000e, le Contax offrit d’emblée un boîtier en métal moulé (gage de précision), un obturateur à lames métalliques (et non pas en toile caoutchoutée), le 1/1000e, une monture moderne à baïonnette et un télémètre couplé à l’objectif.
En 1936, les contaxistes disposèrent avec le modèle II d’un grand viseur à oculaire unique (commodité inconnue chez Leica avant le M3) ; son télémètre permettait un point précis avec l’exceptionnel objectif Sonnar 50/1.5 à pleine ouverture.
Après 1945, la production transplantée sans trop de formalités de Jena en Ukraine, le Contax continuera d’être produit, sous la dénomination Kiev, jusqu’en 1987 — le Sonnar étant alors labellisé Jupiter 3.
- 4. De nombreuses firmes ont produit des appareils à monture M39, à commencer par les plates copies soviétiques et les Canon originels (ultérieurement améliorés). Il est bon de savoir que les Nikon télémétriques utilisent, eux, une monture du type Contax (attention : compatibilité limitée). Leur couronnement fut le Nikon S3 (1958-1964 plus la réédition commémorative de 2000).
- 5. J’utilise une plaque de mousse synthétique glissée dans la poche : le ballotement de l’appareil est quand même un peu rude pour les côtes !
- 6. De plus, les objectifs M39 peuvent être utilisés sur tout appareil moderne à baïonnette M avec une simple bague d’adaptation. Ce qui veut dire qu’ils peuvent également être montés sur tous les numériques à objectif interchangeable micro 4/3, et un nombre croissant d’appareils non-reflex à capteur de type APS-C — puisque des adaptateurs M existent à profusion pour ces différents boîtiers.
- 7. Eh oui, certains ignorent même qu’un objectif doit être mis au point.
- 8. Qui a utilisé une chambre grand-format comprendra le bien-fondé de ces considérations.
- 9. De toutes façons, le jour où vous arriverez au Leica vissant, vous n’éprouverez plus le besoin d’autre chose qu’un 50 mm…
- 10. Par exemple un Summarit f/1,5 ou un moderne Voigtländer Nokton aspherical de même ouverture.
- 11. Avantage d’ailleurs exclusif, les utilisateurs de reflex ne peuvent même pas comprendre ce que cela change, et vivent fort bien sans ça.
- 12. 2012-02-05 : m’est arrivé avec des gants ce matin par -7°C.
- 13. Ce conseil s’applique aussi aux appareils récents.
- 14. Les ampoules flash ne sont pas tombées en désuétude. Pour éclairer un très vaste espace (grotte, très grand local ou monument) elles sont une meilleure solution que l’utilisation d’une énorme batterie de flashes professionnels.
- 15. Certains flash anciens ont un délai de déclenchement prévu pour émuler les flash-bulbs. Un test est donc conseillé dans tous les cas avant de passer à l’utilisation sur le terrain.
- 16. Pour utiliser les « vitesses lentes », le bouton des vitesses rapides doit impérativement être à la plus basse position (30e ou 25e suivant modèle).
- 17. A la différence des vitesses rapides, les vitesses lentes sont réglables en continu (i.e. on peut mettre le curseur dans une position intermédiaire, par exemple entre 30 et 20.