Leica Summarit-M 50 mm f/2,5
Sommaire
Présentation
1949
Pour mémoire, Summarit (sans M) est à l’origine le nom de l’objectif de 5 cm ultra-lumineux (f/1,5) sorti en 19491.
2007 : f/2,5
La série des Summarit-M (35, 50, 75 et 90 mm, tous annoncés à f/2,52) est apparue en 2007. Elle offre des alternatives relativement abordables aux plus lumineux mais coûteux modèles ASPH.
2014 : f/2,4
À la Photokina de septembre 2014, les Summarit-M ont été présentés avec un nouveau look et une ouverture officielle de f/2,4. Ce dernier changement est dû à une amélioration dans les tolérances de fabrication (ce qui autorise plus d’exactitude). Une nouveauté intéressante est que le 35 mm est maintenant qualifié « ASPH », contrairement à la version 2007 ! Or les formules optiques ne changent pas… Révélation tardive : avait-on voulu protéger les ventes du 35/2.0 Summicron ASPH ?
Les nouveaux 35 et 50 ont dorénavant un diamètre de filtre 46 (au lieu de 39). Les prix sont en hausse, mais pas tant que cela puisque le pare-soleil est désormais livré d’origine, ainsi qu’un étui en vrai cuir…
50 mm
Le 50 Summarit-M est un classique double Gauss (typique Planar de 6 éléments en 4 groupes), mais optimisé avec les ultimes moyens de calculs et utilisant des verres up to date.
Spécifications
Formule optique | 6 éléments en quatre groupes |
Angle de champ diagonal | 24x36 : 47° |
sur M8 : 36° | |
Distance minimum | 80 cm |
Champ minimum | 24x36 : 50,8 x 33,8 cm |
sur M8 : 38,0 x 25,4 cm | |
Diaphragme | 9 pales, f/2,5 à f/16 par demi-valeur |
Filtre | Filetage interne standard E39 |
Pare-soleil | Filetage externe avec arrêt |
Long. sans pare-soleil x Diam. | 33,0 x 51,5 mm |
Poids | 230 g. |
Alternatives au Summarit-M
On ne présente ici que les objectifs les plus similaires et récents.
Leica Summicron-M 50mm f/2
Avec un demi-diaphragme de moins (et une rampe de mise-au-point un petit peu plus courte), les dimensions du Summarit-M ont pu être contenues dans un gabarit sensiblement plus réduit (longueur sans pare-soleil : 33 mm contre 46) que le réputé Summicron — ce dernier maintenu au catalogue sans doute pour satisfaire la frange un peu conservatiste des leicaïstes.
Ledit Summicron offre :
- un petit peu plus de luminosité (f/2,0),
- une mise au point qui descend à 70 cm au lieu de 80 pour le Summarit-M,
- une distorsion nulle,
- une couverture remarquable, jusque dans les coins, de la qualité d’image.
Le Summicron-M reste un très bon objectif, avec deux réserves :
- Du flare face à des éclairages défavorables3) ;
- Calculé il y a plus de trente ans (la version actuelle date de 1979), sa conception ignore les exigences draconiennes des capteurs numériques (les concepteurs du plus récent Summarit-M ont visiblement pris soin qu’il soit bien corrigé de l’aberration chromatique).
Optiquement, et toujours face au vénérable Summicron, notre Summarit-M est (en théorie du moins) vainqueur si on se fie au contraste : ses courbes FTM à f/4 ressemblent furieusement à celles du Summicron à f/5,6. Dans la pratique ces différences seront rarement perceptibles sur le tirage final (ne parlons pas de l’affichage sur moniteur informatique !). Car il faut des instruments de laboratoire pour pouvoir asséner ce genre de déclaration, dont sont avides surtout certains angoissés, en quête perpétuelle de l’objectif parfait.
ZEISS Planar T* 2/50 ZM
Objectif standard produit par Carl Zeiss. C’est assurément une optique très réussie, qui bénéficie d’une insolente résistance au flare.
Néanmoins, le Summarit-M, un peu moins lumineux et de même type optique ne fournit aucun indice a priori qui pourrait laisser penser qu’il lui est inférieur.
Il reste le prix, très attractif par rapport au Leica, de ce Carl Zeiss fabriqué par Cosina au Japon.
Prix et pare-soleil
Le prix du Summarit-M est sensiblement inférieur à celui du Summicron. Cet avantage était quelque peu amoindri pour la version f/2,5, car Leica avait suivi les mauvais penchants du marketing contemporain pour vendre séparément (réf. 14474) le pare-soleil ; certes fort bien réalisé et d’autant plus efficace qu’il est rectangulaire, mais à un prix qui fera éternuer beaucoup de photographes du dimanche. Par ailleurs ce pare-soleil est commun au 35 mm, ce qui signifie que sur le 50 mm il couvre moins qu’il ne pourrait.
La monture avant de la 1re version répondait au standard E39 : cela me permet d’essayer différents modèles classiques. Attention : quoique moins ouvert qu’un Summicron, le Summarit-M souffrira d’un sensible vignettage avec un ITOOY (pare-soleil convenant à un Elmar f/2,8)4.
Pourquoi un S-M 50 mm ?
- Et d’abord pourquoi un 50 ? Voir quelques mots sur le sujet dans la page sur le Minolta MD 50mm f:1.7.
- Raisonnablement : un 50 mm d’ouverture modérée conçu au début du XXIe siècle ne peut pas être complètement mauvais…
- Qualités optiques d’ensemble. À côté de son piqué irréprochable (ce qui, à vrai dire, n’a rien d’inattendu pour cette catégorie d’optiques), le 50 mm Summarit-M offre un rendement pratiquement constant à toutes les ouvertures et distances de travail. Son vignettage est négligeable, sa distorsion limitée, ses couleurs neutres. Il offre donc les qualités qu’on attend d’un « standard », l’objectif utile et suffisant dans la plupart des situations courantes.
- Complément parfait à
notre bon vieux Noctilux…
ou tout autre de ces objectifs jouissant d’un rendu fameux
mais au comportement légèrement caractériel
(tels un Summitar
ou le Carl Zeiss C-Sonnar) :
- Qualité maintenue à courte distance, ce que garantit la formule optique quasi symétrique (c’est d’ailleurs un argument fourni dans le dépliant Leica).
- Seulement 33 mm de long sans le pare-soleil : un amour de petit caillou. L’Elmar f/2,8 à monture rentrante (discontinué à l’arrivée des Summarit-M) était moins compact une fois déployé.
- Absence de focus shift, cette tare qui affecte tous les objectifs extrêmes.
- Qualité de fabrication (made in Germany) face aux Cosina-Voigtländer et Zeiss ZM ; sans parler des innombrables alternatives disponibles en (minimum) seconde main, parfois excellentes mais aux carrières plus ou moins mouvementées5.
- En voyage : avec son petit gabarit, le Summarit-M est tout indiqué pour entrer dans le fameux travel-kit du touriste / voyageur / baroudeur. Il occupe si peu de place qu’il serait vraiment dommage de se priver de 50 mm – même si on est fana du 35…
- Efficacité : en plus du faible encombrement, la facilité enfantine de mise-au-point rend cet objectif idéal pour la « photo de rue ». Je sais bien qu’il y a des inconditionnels de la focale de 35 mm, mais je persiste à penser que le 50 est quand même la meilleure focale généraliste pour les instantanés (en extérieur bien sûr, je ne parle pas de ceux qui se distraient en photographiant dans une rame de métro). En outre, pour ce type d’utilisation, la luminosité du Summarit-M est amplement suffisante6.
- Subsidiairement :
- Aberration chromatique bien contrôlée (indispensable pour qui voudra tirer la quintessence de son Leica numérique).
- Verres sans plomb ni radio-éléments.
Exemples
- Voir aussi les pages comparatif :
- Summarit-M vs Noctilux 50/1.0 [http://www.dg77.net/photo/leicaM/noct_comp.htm].
- Summarit-M vs Leitz Elmar 1953 [http://www.dg77.net/photo/leicaM39/elmar_comp.htm].
- Summarit-M vs Carl Zeiss C Sonnar T* 1,5/50 mm ZM [http://www.dg77.net/photo/zm/summson.htm].
Encore de la Velvia 50 :
Kodak TMX 100 ISO. Vue prise à f/2,5 ; le Summarit s’utilise rarement à f/2,8-4 ; c’est soit grand ouvert, soit 5,6-8.
Kodak TMX (TMAX 100), f/5,6. Mon SCAN rend difficilement justice à la subtile gradation des gris du négatif.
Technique de « photo de rue » que j’affectionne : un poste d’observation soigneusement choisi, confortablement installé sur une terrasse de café. Film Ilford XP2 400 ISO, f/8, distance préréglée à 5 m.
Pellicule TMX (Kodak T-Max 100). Un « instantané » comme il s’en fait tant.
Ilford XP2 400 ISO. Ensemble et détail, encore.
Vous ne trouvez toujours pas que c’est net ? f/5,6 1/125, Fuji Velvia 100. Curieux hasard de s’être installé à une terrasse en face de la maison natale de Francis Ponge… juste avant de lire dans le journal que j’allais pouvoir rencontrer Yves Bonnefoy.
Bel après-midi ensoleillé, contre-jour radical avec sujet en ombre découverte (et à courte distance) : on compte les cheveux, pas de trace de flare si on suit les contours. (XP2 400 ISO)
Notes
- 1. Ce premier Summarit ne faisait que reprendre le bloc optique du SchneiderXENON de 1936 [http://www.dg77.net/photo/tech/fastvarg.htm#xenon], modernisé par un traîtement anti-reflet.
- 2. En fait plutôt f/2,4. Il paraîtrait que l’ouverture officielle fut modifiée à cause de superstitions extrême-orientales.
- 3. Voir The flare issue, a lab report, sur le site de Erwin Puts ; une comparaison entre Summilux-M 1.4/50 ASPH, Apo-Summicron-M 2/50 ASPH, Summarit-M 2.5/50 mm, Summicron-M 2/50 mm et Zeiss ZM Planar 2/50 mm.
- 4. Monté sur le Summarit-M, l’ITOOY ne déborde ni plus ni moins dans le cadre de visée que le pare-soleil 14474 : à l’infini, il faut descendre sous les 1m50 pour qu’il commence à empiéter vraiment dans le coin inférieur droit, mais même à 80 cm la gêne reste négligeable (le blocage atteint alors juste l’angle du cadre 35 mm).
- 5. Certains trouvent l’aspect des Summarit-M trop cheap, pour eux qualité veut dire bloc en laiton tournant dans un épais fût usiné individuellement par un ajusteur chevronné. On répondra simplement que les Summarit-M sont des objectifs modernes, fabriqués selon les processus contemporains qui ont fait partout leurs preuves. Chacun sait que n’importe quelle automobile bon marché d’aujourd’hui est plus fiable que les voitures de luxe d’il y a trente ans. Quant à la présence de polycarbonate, qu’ils fassent l’expérience de heurter un mur avec un casque moderne en fibres, puis avec un casque lourd militaire en acier, et on verra ensuite ce qu’ils arrivent à en penser.
- 6. La photo de rue demande un déclenchement quasi-instinctif, elle se pratique de préférence diaphragme fermé pour assurer une profondeur de champ convenable ; dès lors une optique très lumineuse ne procure aucun avantage pratique.