Le web de Dominique Guebey – Optique et technologie photo

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Objectifs ultra-lumineux (suite)

Divers développements récents

La page Specimen remarquables [http://www.dg77.net/photo/tech/fastex.htm] offre, en commençant par les plus récents, des exemples d’objectifs ultra-lumineux, entendons : plus ouverts que f/1,2. Voici encore d’autres exemples significatifs des évolutions contemporaines.

Sommaire

AF-S Nikkor 50mm f/1.8 G (2011)

Nikon AF-S Nikkor 50mm f/1.8G l:136, h:148, 11050, JPEG

Pour les nikonistes, l’AF-S Nikkor 50mm f/1.8 G de 2011 offrit 7 éléments en 6 groupes, dont une lentille asphérique : on a vu des objectifs ouverts à f/1.2 avec moins que ça. Cela montre la tendance à l’ère de la photo numérique ; c’est d’autant plus significatif qu’il s’agit du modèle “économique” traditionnel, alternative au f/1,4 considéré à tort ou à raison comme davantage “pro” (cf supra sur les objectifs de base).


Leica Apo-Summicron-M 50 mm f/2 ASPH « AA » (2012)

Apparu en mai 2012, le Leica Apo-Summicron-M 50 mm f/2 ASPH était vendu un prix double de celui du Summilux ASPH f/1,4, ce dernier pourtant deux fois plus lumineux et alors réputé le meilleur 50mm jamais produit. Ce qui suffit à montrer qu’avec le Cron AA on est très loin du simple objectif « standard ».

Apo-Summicron-M 50mm f/2 ASPH
Leica Apo-Summicron-M 50 mm f/2 ASPH l:180, h:112, 12299, JPEG

Il comprend 8 lentilles dont une surface asphérique ; le fabricant annonce une rigoureuse correction apochromatique [*]. Cet ultime Summicron adopte une partie arrière flottante directement inspirée de la lignée des 35 mm ASPH. La naissance de ce 50 mm exceptionnel concorde avec l’apparition du boîtier Leica M Monochrom [http://www.dg77.net/photo/leicaM/index.htm#M], doté d’une définition remarquable à des sensibilités très intéressantes — mais en noir et blanc seulement. Ce type d’appareil photo impose l’utilisation d’optiques spécifiquement étudiées.


Carl Zeiss Otus 55mm f/1.4 APO-Distagon (2013)

Annoncé à la Photokina de septembre 2012 (sortie fin 2013), l’Otus (alias Distagon) 1,4/55, destiné au format 24x36, est un nouveau tour de force de la vieille maison d’Oberkochen. Par ses performances il concurrence directement le 50 Summilux-M ASPH supra. La qualité au centre peut même être comparée au moins lumineux Leica Apo-Summicron-M 50 mm f/2 ASPH précédent. Mais ce dernier reste au dessus du lot en raison de son homogénéité phénoménale (définition et contraste aux sommets jusque dans les coins). L’Otus a le défaut d’un fort encombrement, tendance qui semble la norme actuelle.

Otus 55mm f/1,4
Carl Zeiss Otus 1.4/55 l:323, h:244, 42899, JPEG

Les experts de Zeiss n’ont pas hésité à utiliser une formule de type retrofocus [http://www.dg77.net/photo/tech/fastga.htm#telinv] et multiplier les éléments en adoptant pour la partie arrière une structure télécentrique, ce qui permet aux photons d’atteindre sous un bon angle les microlentilles du capteur numérique. La dénomination Distagon est un signe des temps : le bon vieux Planar [http://www.dg77.net/photo/tech/fastgaus.htm#planar] a atteint ses limites et n’est plus le modèle à suivre.


Olympus M.ZUIKO DIGITAL ED 25mm 1:1.2 PRO (2016)

Olympus M.ZUIKO DIGITAL ED 25mm 1:1.2 PRO l:320, h:240, 49512, JPEG

Objectif standard ultra-lumineux pour format M43 (Micro Four-Thirds), apparu fin 2016.

On arrive maintenant à 19 lentilles… Le résultat est une ouverture photométrique de T/1,8 alors que l’ouverture géométrique est F/1,2. Par rapport à un modèle plus simple, ouvert à f/1,8, cet objectif PRO offrira donc des flous plus prononcés (ce qui dépend de l’ouverture F), mais l’avantage en luminosité proprement dite ne sera pas aussi important qu’on pourrait croire. Cependant, une autre considération entre en jeu : la correction supérieure qu’on est en droit d’attendre doit permettre (en bonne logique cartésienne qu’on aimerait vérifier un de ces jours) d’exploiter à fond le mode Haute Résolution rendu possible par les capteurs dotés de la stabilisation1

Angle de champ : 47°. M.a.p. mini 30 cm ; long. 87 mm ; diam. 70 mm. Poids : 410 g.

Voigtländer APO-LANTHAR 50mm F2.0 Aspherical (2018)

Pour certains érudits, Apo-Lanthar évoquera l’excellent objectif qui équipait vers 1950-60 les Bessa 6x9 dans leur version de prestige. Cf notre page sur les triplets [http://www.dg77.net/photo/tech/fasttrip.htm#apolanth]. Lanthar fait référence au lanthane, une terre rare qui fut un des additifs utilisés à l’époque des verres dits radioactifs. Néanmoins, l’optique qui nous concerne ici n’a que fort peu de rapport avec cet ancêtre.

Ce 50mm pour format 24x36 de 2018 est paru en monture Sony E. L’intention de Cosina-Voigtländer était visiblement de faire pièce à l’Otus précité (mais aussi au Leica Apo-Summicron-M, l’Apo-Lanthar est d’ailleurs fourni en monture VM depuis fin 2020), en fournissant un produit compatible avec les très exigeants capteurs à haute définition ; cela pour environ quatre fois moins cher.

APO-LANTHAR 50mm F2.0
Voigtländer APO-LANTHAR 50mm F2.0 Aspherical l:323, h:191, 39514, PNG

Sa conception, à 10 éléments en 8 groupes, comporte un groupe flottant. Le déplacement différencié de certains éléments vise le maintien de la planéité de champ à toutes les distances. Par la correction apochromatique, les rayons lumineux de toutes les couleurs venus du sujet sont censés aboutir rigoureusement sur le même plan image. Les courbes FTM montrent une qualité particulièrement homogène : les extrèmes coins sont à peine moins bons que le centre. Différents utilisateurs très satisfaits confirment que la qualité recherchée est réellement atteinte.

Comme pour ses concurrents, l’Apo-Lanthar n’a pas d’autofocus, la mise au point restera manuelle.


Sigma 35mm f1.2 DG DN Art (2019)

L’ouverture f/1,4 est devenue la norme chez Sigma. En 2019, cette firme en est venu à proposer un 35 mm f/1,2 en montures L (Panasonic / Sigma / Leica) et E (Sony). C’est une optique encombrante mais utile, et pas plus ruineuse que certains concurrents moins ouverts.

Sigma 35mm f1.2 DG DN Art l:300, h:158, 31275, JPEG

Caractéristiques : 17 éléments / 12 groupes ; long. 137mm ; diam. 88mm ; poids 1100g .


Olympus M Zuiko Digital ED 150-400mm F4.5 TC1.25 IS PRO (2020)

Un super-zoom en format M43, qui équivaut à un 300-800 en 24x36 (« FF »). Un convertisseur optique intégré pousse, si on le veut, la plage de focales à 187,5-500mm (l’ouverture se réduit alors à f/5,6).

Le micro 4/3 est un format intéressant pour les utilisateurs de très longues focales, d’autant plus que les petits capteurs autorisent une stabilisation diaboliquement efficace. Sans préjudice de la mise au point rapide permise par des blocs optiques plus légers. Les concurrents 24x36 de ce zuiko sont 30 % plus chers et deux fois plus lourds. Autres caractéristiques générales :

Certes l’engin est coûteux, mais ceux qui veulent vendre des photos de sport ou d’animaux sauvages de toutes tailles peuvent y trouver leur compte. De même, pour celui qui mène la dure vie de reporter, ce Zuiko pourra rendre d’éminents services lors de conférences, meetings politiques, cérémonies ou tout simplement spectacles. Et ne parlons pas du paparazzo de base, toujours en quête de l’outil qui joigne efficacité et mobilité.


Canon RF 50 f/1.8 STM

Pour ses appareils mirorless R de fraîche date, Canon a sorti en 2020 un 50 mm abordable (en fait presque donné par rapport au reste du matériel) et très compact. La formule (six lentilles en cinq groupes) descend directement du Pancolar est-allemand des années 70-90 [http://www.dg77.net/photo/tech/fastgaus.htm#pancolar]. À la différence près que le cinquième élément est asphérique. Cela semble suffire à ce modeste objectif pour faire face aux exigeants capteurs des derniers EOS (sous réserve des bords de l’image aux plus grandes ouvertures, contrepartie prévisible de la compacité).

l:194, h:240, 22567, JPEG

TTArtisan M 90mm F1.25 (2021)

Toujours plus ! Voici un « objectif à portrait » qui semble promettre le summum du bokeh, au risque d’une utilisation laborieuse. Cet engin est vendu en monture Leica M, donc utilisable sur les appareils de nombreuses autres marques.

Compte tenu de la faible profondeur de champ (sans parler du calage incertain de la came de télémètre), son utilisation est déconseillée sur un Leica M argentique. Avec un M numérique on pourra se servir du viseur électronique et faire appel au focus peaking pour mettre au point à pleine ouverture.

Venant de l’Empire du Milieu, on a vu depuis 2010 proliférer ce genre d’optiques bon marché à la mécanique et l’optique sommaire. Les lentilles asphériques, trop compliquées à produire, brillent par leur absence ; à plus forte raison, il ne faut pas penser y trouver un groupe flottant. Bien entendu la mise-au-point comme l’indexation du diaphragme sont à la charge de l’opérateur.

l:300, h:242, 43179, JPEG
  • Long. : 94mm.
  • Diam. : 81mm.
  • Poids : 1020g.
  • Diaphragme : 10 lames (courbes).
  • Filtres : 77mm.
  • Formules : 11 éléments en 7 groupes.
  • M;A.P. mini. : 1m.

Laowa Argus 28mm f/1.2 FF (2023)

Dans sa gamme Argus, Laowa a offert début 2023 un 28mm à l’ouverture exceptionnelle de f/1.2. Ouverture qu’on ne trouvait auparavant, en courtes focales, que sur quelques rares 35 mm [http://www.dg77.net/photo/tech/fastasph.htm#f35]. Cet objectif pèse 562g, mesure 107mm de long pour un diamètre de 69mm. Sa formule optique comporte 13 éléments en 7 groupes (2 lentilles ED, 2 UHR). L’élément arrière est asphérique.

www.venuslens.net/
Laowa Argus 28mm f/1.2 - schema optique l:600, h:359, 10859, PNG

Notes