Nikon F6
Apparu à la Photokina 2004. Successeur et ultime rejeton de la lignée des F pro1, le F6 est ou fut fabriqué dans l’atelier spécial d’où sortaient aussi les D3 numériques2 ; la qualité exceptionnelle et la précision maniaque de fabrication et d’assemblage de chaque composant distinguent ces appareils des autres boîtiers semi-pro ou amateurs experts de la marque, pourtant révérés par de nombreux adeptes.
N.B : il semble qu’en octobre 2020, Nikon ait annoncé aux importateurs la fin de disponibilité du F6.
A voir par ailleurs :
- Fiche pratique
- Photos avec l’objectif 55 mm f/3,5 Mikro-Nikkor
- Photos avec un court télé Tamron 90mm f:2.5 SP Macro Adaptall
- Photos avec un zoom Tamron 80-200 f:2.8 SP LD Adaptall
En bref et au premier contact :
- On est frappé par le confort du viseur (un des points forts traditionnels des F) riche d’informations très complètes, claires et bien disposées. Ce viseur à grand dégagement d’oculaire, béni par les porteurs de lunettes, couvre 100 % de l’image effectivement enregistrée.
- Le déclenchement surprend par sa douceur et son bruit feutré. Après avoir utilisé cet appareil, reprendre un Minolta X500 ou un ancien Nikon F3 munis de leur moteur donne la même impression que se mettre aux commandes d’une moissonneuse-batteuse après avoir conduit une Mercedes. Pour tout dire, il fait carrément de l’ombre à mon Leica M7.
- Légère inquiétude quand on vient de délaisser un de ces appareil classique (Leica M ou reflex type Olympus OM) : ce boîtier apparaît hérissé de boutons, poussoirs et autres molettes. En réalité le F6 n’est pas de ces appareils qui imposent une formation du type pilote AIRBUS. Une prise en main et une bonne séance de formation est simplement conseillée avant le premier reportage, au moins pour ne pas cafouiller lors d’un rembobinage ou changement d’objectif, et pour contrôler sans angoisse mise-au-point et exposition.
Comme tous les boîtiers professionnels de Nikon, cet appareil assure une compatibilité maximale avec les objectifs de la marque, même très anciens. Ainsi, il faut savoir qu’avec les optiques dépourvues d’autofocus, le système de détection du point fonctionne quand même et indique obligeamment dans le viseur s’il considère que la netteté est bonne : eh oui, le F6 est aussi un appareil télémétrique ! Cette compatibilité permet non seulement de garantir la pérennité des très onéreux investissements en objectifs spéciaux, mais de plus, elle favorise le maintien d’un marché de l’objectif Nikkor d’occasion. De Dar Es Salaam à Vladivostock et en passant par Valparaiso, vous en trouverez toujours.
La mesure matricielle de l’exposition est opérationnelle même avec un ancien objectif AI, tel le valeureux Micro-Nikkor 55/3,5 de 1977. La condition est tout bonnement d’avoir pré-enregistré la focale et l’ouverture maxi de l’objectif, et au moment de l’utiliser, de spécifier qu’il a été monté ; le tout grâce aux menus d’affichage qu’on fait défiler au dos de l’appareil.
Contrairement aux précédents, le F6 ne bénéficie pas de viseurs-prismes interchangeables (mais le catalogue offre sept dépolis différents, facilement installables).
La poignée-bloc d’alimentation est optionnelle, ce qui permet, quand on s’en passe, d’avoir un appareil beaucoup moins encombrant qu’un F5 par exemple. Cette poignée MB40 facilite la prise de vue en cadrage vertical en offrant un déclencheur supplémentaire, deux molettes et quelques autres commandes en double. Sans MB40, la cadence de prise de vue est quand-même de 5,5 images/seconde (8 i./s. avec MB40 !), et l’autonomie est donnée pour 35 films de 36 poses à 20°C si on n’abuse pas des fonctions d’autofocus continu ou de réduction des vibrations et autres embarquées par certains zooms.
Malgré l’amortissement maximal du cycle de déclenchement, le F6 dispose d’un mode silencieux, raison pour laquelle la manivelle de rembobinage manuel (d’utilisation facultative) a été conservée : encore plus fort que l’Hexar AF ! On notera que cet ustensile permet non seulement une discrétion améliorée, mais aussi une certaine économie d’énergie électrique.
Il a tout, tout, tout… Exemples :
- Testeur de profondeur de champ.
- Surimpressions.
- Bracketting automatique largement paramétrable.
- Relevage préalable du miroir.
- Correcteur dioptrique incorporé au viseur : un myope sans ses lunettes n’a pas besoin d’ajouter des lentilles sur le viseur. Ce qui n’empêche pas Nikon de proposer 5 lentilles correctrices en option (de -3 à +2d).
- Intervallomètre.
- Télécommande : le manuel énumère 8 possibilités, du déclenchement d’un F6 provoqué par celui d’un autre, à la télécommande optique (jusqu’à 100 m).
- Utilisation avec flash : la liste des possibilités (un ou plusieurs flash, avec cable ou télécommande, cellule de déclenchement etc.) est fastidieuse à énumérer.
- Fonctionnement assuré dans des conditions de température et d’humidité extrêmes. Robustesse des mécanismes, protection contre la poussiére et antiruissellement améliorées (Nikon dixit — le F5 (1996-2004) avait pourtant l’air solide !).
- Dos dateur intégré enregistrant aussi les paramètres de prise-de-vue. Inscription des données entre les vues ou sur la dernière.
- Possibilité de récupérer toutes les données enregistrées sur une carte-flash pour exploitation informatique subséquente. Des données EXIF avec un appareil à pellicule !
Tout cela livré d’origine, combiné à un prix plutôt doux pour un boîtier professionnel, fait du F6 un appareil de rêve, aussi à l’aise au studio qu’embarqué sur un voilier de régate, ou encore enregistreur automatique (installation industrielle, laboratoire, photo animalière…).
Certaines de ces fonctionnalités paraîtront évidentes. Mais on sait que la tendance récente est à la disparition de ce qui était naguère admis comme le minimum syndical, au grand dam des vrais amateurs. Par exemple les prises et griffes de flash standards, souvent remplacées par des accessoires ou cables spécifiques à chaque marque, vendus à prix d’or.
Quelques autres caractéristiques :
- Obturateur
- En Kevlar et dural spécial, capable du 1/8000e s., défilement des lames contrôlé à chaque déclenchement, pour réétalonnage automatique immédiat.
- Miroir
- A balancier complexe, mouvement ultra-rapide assurant le suivi en continu de la mise-au-point à 8 images/seconde.
- Autofocus
- 11 zones dont 9 à capteur en croix. Capteurs visibles dans le viseur, sélection possible de celui qui intéresse l’opérateur.
- Mesure de la lumière
- Non seulement pondérée classique, spot, et matricielle bien connue, mais encore matricielle 3D couleur.
Notes
- 1.
Dynastie des reflex Nikon pro :
- F, 1959-1971.
- F2, 1971-1980.
- F3, 1980-2001, prolongé jusqu’en 2001 pour satisfaire les reporters allergiques aux automatisme du F4.
- F4, 1988-1997, introduction de l’autofocus.
- F5, 1996-2003.
- F6, 2003-?, pas de viseur interchangeable.
- D1, 1999-2001, virage du numérique, format 16x24 mm, 2,7 MPix.
- D1H / D1X, 2001-2003, 5,3 MPix.
- D2H / D2X, 2003-2007, 4,2 / 12,4 MPix.
- D3, 2007-(2012), 12 MPix, Full-Frame 24x36, 200-6400 ISO.
- D3X, 2008, 24 MPix.
- D4, 2012, 16 MPix, 100-12800 ISO ; on commence à ne plus distinguer l’appareil photo d’une caméra Cine/TV…
- D5, 2016. 20,8 Mpx, l’autofocus passe de 51 à 153 points, images exploitables à 409.600 ISO, etc.
- D6, 2020. Nouvel autofocus, rafale 14 i/s. Très cher.
- 2. Au 10 février 2012, le F6 est toujours en production à Sendai (usine redémarrée après les terribles ravages du Tsunami le 11 mars 2011). Les séries sont modestes : 50 par mois ; mais il est toujours possible en 2012 d’acheter un F6 neuf. cf http://asia.cnet.com/crave/what-goes-on-inside-nikons-sendai-factory-62213402.htm