Le web de Dominique Guebey – Les belles lettres

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   D o m i n i q u e   G u e b e y    J u n g l e      Les belles lettres

Louis Calaferte, C’est la guerre

Je travaille au premier étage la secrétaire trouve un prétexte pour monter elle fait semblant de chercher quelque chose elle n’a rien à faire ici je range les rayons les pièces de tissu sont lourdes à soulever elle demande si elle peut m’aider je lui réponds que je n’ai besoin de personne elle rit en secouant tous ses cheveux elle s’assied sur une pile de sacs elle s’appuie sur ses bras tendus derrière elle son corps est moulé dans une robe d’été à petites fleurs son corps est en avant son corps mince sa robe se replie sur le haut de ses cuisses elle me sourit sans me quitter des yeux ses petits seins laissent un creux de tissu souple entre eux elle fait sortir le bout de sa langue entre ses lèvres ses cuisses s’écartent un peu ses cuisses s’écartent un peu [sic] la culotte est blanche c’est profond et sombre entre les cuisses et la culotte est blanche je n’ose plus la regarder je fais mon travail je sais que j’ai un slip troué sur le devant je tourne autour d’elle avec mes colis elle est à côté de moi dans mon dos devant moi elle me dit éteins une lampe je fais ce qu’elle me dit de faire elle cambre ses pieds il n’y a plus que le bout des orteils qui touche terre avec les talons elle fait glisser ses chaussures de vraies chaussures de cuir de cuir [sic] bleu sombre ça vaut les yeux de la tête au noir elle est nu-pieds ses ongles sont rouges c’est la première fois que je vois des ongles de pieds rouges je pense au sang dans la rue elle dit laisse ton boulot petit imbécile tu as quel âge treize quatorze je dis treize et demi ça la fait rire son rire vient du profond de la gorge du profond de son ventre elle soulève d’un coup ses jambes elle écarte les cuisses d’un coup la robe est en bouillons autour de la culotte elle dit sors-la viens me prendre je te sucerai après quand tu auras mon goût la sirène d’alerte hurle elle dit on s’en fout viens me prendre sors-la je veux la voir.