D.A.F. de Sade (1740-1814) La Philosophie dans le Boudoir (suite - Quatrième dialogue)
Quatrième Dialogue
Ch : Ne redoutez rien, je vous en conjure, de ma discrétion, belle Eugénie elle est entière ; voilà ma sœur, voilà mon ami, qui peuvent tous les deux vous répondre de moi.
D : Je ne vois qu’une chose pour terminer tout d’un coup ce ridicule cérémonial. Tiens, chevalier, nous éduquons cette jolie fille, nous lui apprenons tout ce qu’il faut que sache une demoiselle de son âge, et pour la mieux instruire, nous joignons toujours un peu de pratique à la théorie. Il lui faut le tableau d’un vit qui décharge ; c’est où nous en sommes : veux-tu nous donner le modèle ?
Ch : Cette proposition est assurément trop flatteuse pour que je m’y refuse, et mademoiselle a des attraits qui décideront bien vite les effets de la leçon désirée.
S-A : Eh bien, allons ; àl’œuvre à l’instant !
Eu : Oh ! En vérité, c’est trop fort ; vous abusez de ma jeunesse à un point… mais pour qui monsieur va-t-il me prendre ?
Ch : Pour une fille charmante, Eugénie… pour la plus adorable créature que j’aie vue de mes jours. (Il la baise et laisse promener ses mains sur ses charmes.) Oh ! Dieu ! Quels appas frais et mignons !… quels charmes enchanteurs !…
D : Parlons moins, chevalier, et agissons beaucoup davantage. Je vais diriger la scène, c’est mon droit ; l’objet de celle-ci est de faire voir à Eugénie le mécanisme de l’éjaculation ; mais, comme il est difficile qu’elle puisse observer un tel phénomène de sang-froid, nous allons nous placer tous quatre bien en face et très près les uns des autres. Vous branlerez votre amie, madame ; je me chargerai du chevalier. Quand il s’agit de pollution, un homme s’y entend, pour un homme, infiniment mieux qu’une femme. Comme il sait ce qui lui convient, il sait ce qu’il faut faire aux autres… Allons, plaçons-nous. (On s’arrange.)
S-A : Ne sommes-nous pas trop près ?
D, s’emparant déjà du chevalier : Nous ne saurions l’être trop, madame ; il faut que le sein et le visage de votre amie soient inondés des preuves de la virilité de votre frère ; il faut qu’il lui décharge ce qui s’appelle au nez. Maître de la pompe, j’en dirigerai les flots, de manière à ce qu’elle s’en trouve absolument couverte. Branlez-la soigneusement pendant ce temps, sur toutes les parties lubriques de son corps. Eugénie, livrez votre imagination tout entière aux derniers écarts du libertinage ; songez que vous allez en voir les plus beaux mystères s’opérer sous vos yeux ; foulez toute retenue aux pieds : la pudeur ne fut jamais une vertu. Si la nature eût voulu que nous cachassions quelques parties de nos corps, elle eût pris ce soin elle-même ; mais elle nous a créés nus ; donc elle veut que nous allions nus, et tout procédé contraire outrage absolument ses lois.