D.A.F. de Sade (1740-1814) La Philosophie dans le Boudoir (suite - Troisieme dialogue)
D : Victime, il l’est sans doute, quand il fléchit sous les coups du malheur ; mais criminel, jamais. Nous reviendrons sur toutes ces choses ; analysons, en attendant, pour la belle Eugénie, la jouissance sodomite, qui fait maintenant l’objet de notre entretien. La posture la plus en usage pour la femme, dans cette jouissance, est de se coucher à plat ventre sur le bord du lit, les fesses bien écartées, la tête le plus bas possible. Le paillard, après s’être un instant amusé de la perspective du beau cul que l’on présente, après l’avoir claqué, manié, quelquefois même fouetté, pincé, mordu, humecte de sa bouche le trou mignon qu’il va perforer, et prépare l’introduction avec le bout de sa langue ; il mouille de même son engin avec de la salive ou de la pommade et le présente doucement au trou qu’il veut percer ; il le conduit d’une main, de l’autre il écarte les fesses de sa jouissance ; dès qu’il sent son membre pénétrer, il faut qu’il pousse avec ardeur, en prenant bien garde de perdre du terrain ; quelquefois la femme souffre alors, si elle est neuve et jeune ; mais, sans aucun égard des douleurs qui vont bientôt se changer en plaisirs, le fouteur doit pousser vivement son vit par gradations, jusqu’à ce qu’il ait enfin atteint le but, c’est-à-dire jusqu’à ce que le poil de son engin frotte exactement les bords de l’anus de l’objet qu’il encule. Qu’il poursuive alors sa route avec rapidité, toutes les épines sont cueillies ; il ne reste plus que des roses. Pour achever de métamorphoser en plaisir les restes de douleur que son objet éprouve encore, si c’est un jeune garçon, qu’il lui saisisse le vit et le branle ; qu’il chatouille le clitoris, si c’est une fille ; les titillations du plaisir qu’il fait naître, en rétrécissant prodigieusement l’anus du patient, doubleront les plaisirs de l’agent, qui, comblé d’aise et de volupté, dardera bientôt au fond du cul de sa jouissance un sperme aussi abondant qu’épais, qu’auront déterminé tant de lubriques détails. Il en est d’autres qui ne veulent pas que le patient jouisse ; c’est ce que nous expliquerons bientôt.
S-A : Permettez qu’un moment je sois écolière à mon tour et que je vous demande, Dolmancé, dans quel état il faut, pour le complément des plaisirs de l’agent, que se trouve le cul du patient ?
D : Plein, très assurément ; il est essentiel que l’objet qui sert ait alors la plus complète envie de chier, afin que le bout du vit du fouteur, atteignant l’étron, s’y enfonce et y dépose plus chaudement et plus mollement le foutre qui l’irrite et qui le met en feu.
S-A : Je craindrais que le patient y prit moins de plaisir.