Peter Handke, Essais sur le juke-box
Le matin du jour suivant. La table contre la fenêtre de l’hôtel. Des sacs de plastique poussés par le vent passent sur l’étendue de gravats, pris ça et là par les chardons. A l’horizon un mont rocheux en forme de tremplin, sur la piste d’accès, un nuage de pluie en forme de champignon. Les yeux sont clos. Un bout de papier est mis dans la rainure de fenêtre à travers laquelle le vent souffle le plus. Yeux clos une nouvelle fois. Enlèvement du tiroir dont la poignée claque dès qu’on se met à écrire. Yeux clos pour la troisième fois. Hurlements plaintifs. Ouverture de la fenêtre. Un petit chien noir, juste en dessous, attaché au soubassement de la maison, trempé comme ne peut être trempé qu’un chien. Ses plaintes, interrompues par intermittence, et son haleine qui envoie des bouffées visibles, jusque dans la steppe. Aullar, c’est le mot espagnol pour hurler. Yeux clos pour la quatrième fois.