Theodor Fontane, Frau Jenny Treibel
Trad. Pierre Grappin
Ch. II
Pour être juste, Vogelsang a encore autre chose qui est peut-être plus fort que l’éternelle répétition, il a la folie en lui-même, il est en tout un vrai fanatique. Est-ce que toute espèce de fanatisme est comme cela ? Je crois que oui. Un individu tant soit peu intelligent ne peut pas être véritablement fanatique. Celui qui croit à un système ou à une cause est toujours un poveretto et, si son credo est réalisé par lui-même, alors il devient un danger public, bon pour la maison de fous. C’est exactement ainsi qu’est l’homme en l’honneur de qui — si je fais abstraction de M. Nelson — je donne un dîner aujourd’hui avec deux demoiselles nobles, du sang bleu, chose à peu près inconnue ici rue de Köpenick et que j’ai dû faire venir de Berlin-Ouest et même pour moitié de Charlottenburg. Ah Vogelsang ! Au fond je l’ai en horreur. Mais que ne ferait-on pas par civisme et patriotisme ?