D.A.F. de Sade (1740-1814) La Philosophie dans le Boudoir (suite - Cinquieme dialogue)
O mes amis, peut-il être une extravagance pareille à celle d’imaginer qu’un homme doit être un monstre digne de perdre la vie parce qu’il a préféré dans sa jouissance le trou d’un cul à celui d’un con, parce qu’un jeune homme avec lequel il trouve deux plaisirs, celui d’être à la fois amant et maîtresse, lui a paru préférable à une fille, qui ne lui promet qu’une jouissance ! Il sera un scélérat, un monstre, pour avoir voulu jouer le rôle d’un sexe qui n’est pas le sien ! Eh ! Pourquoi la nature l’a-t-elle créé sensible à ce plaisir ?
Examinez sa conformation ; vous y observerez des différences totales avec celle des hommes qui n’ont pas reçu ce goût en partage ; ses fesses seront plus blanches, plus potelées ; pas un poil n’ombragera l’autel du plaisir, dont l’intérieur, tapissé d’une membrane plus délicate, plus sensuelle, plus chatouilleuse, se trouvera positivement du même genre que l’intérieur du vagin d’une femme ; le caractère de cet homme, encore différent de celui des autres, aura plus de mollesse, plus de flexibilité ; vous lui trouverez presque tous les vices et toutes les vertus des femmes ; vous y reconnaîtrez jusqu’à leur faiblesse ; tous auront leurs manies et quelques-uns de leurs traits. Serait-il donc possible que la nature, en les assimilant de cette manière à des femmes, pût s’irriter de ce qu’ils ont leurs goûts ? N’est-il pas clair que c’est une classe d’hommes différente de l’autre et que la nature créa ainsi pour diminuer cette propagation, dont la trop grande étendue lui nuirait infailliblement ?… Ah ! Ma chère Eugénie, si vous saviez comme on jouit délicieusement quand un gros vit nous remplit le derrière ; lorsque, enfoncé jusqu’aux couillons, il s’y trémousse avec ardeur ; que, ramené jusqu’au prépuce, il s’y renfonce jusqu’au poil ! Non, non, il n’est point dans le monde entier une jouissance qui vaille celle-là : c’est celle des philosophes, c’est celle des héros, ce serait celle des dieux, si les parties de cette divine jouissance n’étaient pas elles-mêmes les seuls dieux que nous devions adorer sur la terre !
Eu, très animée : Oh ! Mes amis, que l’on m’encule !… Tenez, voilà mes fesses… je vous les offre !… Foutez-moi, je décharge !… (Elle tombe, en prononçant ces mots, dans les bras de Mme de Saint-Ange, qui la serre, l’embrasse et offre les reins élevés de cette jeune fille à Dolmancé.)
S-A : Divin instituteur, résisterez-vous à cette proposition ? Ce sublime derrière ne vous tentera-t-il pas ? Voyez comme il bâille, et comme il s’entrouvre !