Le web de Dominique Guebey – Les belles lettres

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D.A.F. de Sade (1740-1814) La Philosophie dans le Boudoir (suite - Troisieme dialogue)

Voulez-vous les connaître ? Annoncez-leur un spectacle cruel, celui d’un duel, d’un incendie, d’une bataille, d’un combat de gladiateurs : vous verrez comme elles accourront ; mais ces occasions ne sont pas assez nombreuses pour alimenter leur fureur : elles se contiennent et elles souffrent.

Jetons un coup d’œil rapide sur les femmes de ce genre. Zingua, reine d’Angola, la plus cruelle des femmes, immolait ses amants dès qu’ils avaient joui d’elle ; souvent elle faisait battre des guerriers sous ses yeux et devenait le prix du vainqueur ; pour flatter son âme féroce, elle se divertissait à faire piler dans un mortier toutes les femmes devenues enceintes avant l’âge de trente ans. Zoé, femme d’un empereur chinois, n’avait pas de plus grand plaisir que de voir exécuter des criminels sous ses yeux ; à leur défaut, elle faisait immoler des esclaves pendant qu’elle foutait avec son mari, et proportionnait les élans de sa décharge à la cruauté des angoisses qu’elle faisait supporter à ces malheureux. Ce fut elle qui, raffinant sur le genre de supplice à imposer à ses victimes, inventa cette fameuse colonne d’airain creuse que l’on faisait rougir après y avoir enfermé le patient. Théodora, la femme de Justinien, s’amusait à voir faire des eunuques ; et Messaline se branlait pendant que, par le procédé de la masturbation, on exténuait des hommes devant elle. Les Floridiennes faisaient grossir le membre de leurs époux et plaçaient de petits insectes sur le gland, ce qui leur faisait endurer des douleurs horribles ; elles les attachaient pour cette opération et se réunissaient plusieurs autour d’un seul homme pour en venir plus sûrement à bout. Dès qu’elles aperçurent les Espagnols, elles tinrent elles-mêmes leurs époux pendant que ces barbares Européens les assassinaient. La Voisin, la Brinvilliers empoisonnaient pour leur seul plaisir de commettre un crime. L’histoire, en un mot, nous fournit mille et mille traits de la cruauté des femmes, et c’est en raison du penchant naturel qu’elles éprouvent à ces mouvements que je voudrais qu’elles s’accoutumassent à faire usage de la flagellation active, moyen par lequel les hommes cruels apaisent leur férocité. Quelques-unes d’entre elles en usent, je le sais, mais elle n’est pas encore en usage, parmi ce sexe, au point où je le désirerais. Au moyen de cette issue donnée à la barbarie des femmes, la société y gagnerait ; car, ne pouvant être méchantes de cette manière, elles le sont d’une autre, et, répandant ainsi leur venin dans le monde, elles font le désespoir de leurs époux et de leur famille. Le refus de faire une bonne action, lorsque l’occasion s’en présente, celui de secourir l’infortune, donnent bien, si l’on veut, de l’essor à cette férocité où certaines femmes sont naturellement entraînées, mais cela est faible et souvent beaucoup trop loin du besoin qu’elles ont de faire pis.