Charles Dickens, L’ami commun
Ed. Gallimard, bibliothèque de la Pléiade, trad. Lucien Carrive et Sylvère Monod.
Livre II
Chapitre IX – Où l’orphelin fait son testament
« Qu’est-ce qu’il y a, Johnny ? » C’est Rokesmith qui posait la question, en passant un bras autour du pauvre petit qui faisait effort.
« Lui ! dit le petit bonhomme. Ceux-là ! »
Le médecin comprenait vite les enfants, et prenant le cheval, l’arche, l’oiseau jaune et le militaire sur le lit de Johnny, il les déposa légèrement sur le lit de son voisin, le bambin à la jambe cassée.
Avec un sourire las et pourtant content et avec un mouvement comme pour étirer son petit corps en vue du repos, l’enfant se souleva sur le bras qui le soutenait, et cherchant de ses lèvres le visage de Rokesmith, il dit :
« Un baiser pour la belle madame. »
Ayant ainsi légué tout ce qu’il possédait, et arrangé les affaires qu’il avait en ce monde, Johnny, sur ces mots, le quitta.