Madame de La Fayette, La princesse de Clèves
La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second. Ce prince étoit galant, bien fait et amoureux : quoique sa passion pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avoit plus de vingt ans, elle n’en étoit pas moins violente et il n’en donnoit pas des témoignages moins éclatans.
Comme il réussissoit admirablement dans tous les exercices du corps, il en faisoit une de ses plus grandes occupations : c’étoient tous les jours des parties de chasse et de paume, des ballets, des courses de bague, ou de semblables divertissemens ; les couleurs et les chiffres de Mme de Valentinois paroissoient partout, et elle paroissoit elle-même avec tous les ajustemens que pouvoit avoir Mlle de La Marck, sa petite-fille, qui étoit alors à marier.
La présence de la reine autorisoit la sienne. Cette princesse étoit belle, quoiqu’elle eût passé la première jeunesse ; elle aimoit la grandeur, la magnificence et les plaisirs. Le roi l’avoit épousée lorsqu’il étoit encore duc d’Orléans et qu’il avoit pour aîné le dauphin, qui mourut à Tournon, prince que sa naissance et ses grandes qualités destinoient à remplir dignement la place du roi François Ier, son père.