Le web de Dominique Guebey – La marche athlétique

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  D o m i n i q u e   G u e b e y    J u n g l e    La marche athlétique

Robert KORZENIOWSKI en colloque à Aix-les-Bains

Document originel disponible sur le site de la ligue de Dauphiné-Savoie : http://ldsa.free.fr/fichiers/Rapport%20marche.doc


Introduction

Les 26 et 27 janvier 2002 le marcheur Polono-français, triple champion olympique et double champion du monde répondait à l’invitation d’André GIMENEZ, le Conseiller Technique Sportif de la ligue Dauphiné Savoie d’Athlétisme et de ses collègues. L’AEFA tenait à s’associer à cet événement en aidant la FFA, la ligue Dauphiné-Savoie, le comité de Savoie d’Athlétisme, le Pôle Dauphiné-Savoie et la ville d’Aix-les Bains à organiser ce colloque dans le cadre de la formation continue des entraîneurs et du suivi des athlètes. Disons tout d’abord que malgré la qualité de l’intervenant et la diffusion de dépliants dans toutes les ligues, très peu d’entraîneurs sont venus à Aix-les-Bains : ils étaient seulement 35 athlètes et entraîneurs à écouter Robert parler. Ce qui ressort de ces deux journées c’est tout d’abord l’extrême gentillesse du champion, sa disponibilité, sa sincérité dans les réponses apportées aux questions posées et aussi sa parfaite maîtrise de notre langue qui n’a d’égal que sa parfaite maîtrise de la technique et de son entraînement.

L’endurance

Pendant trois heures Robert KORZENIOWSKI a expliqué comment lui, concevait cette partie fondamentale de sa discipline. Bien sûr il s’agissait pour lui, comme pour tout le monde, de pouvoir continuer un effort, mais en respectant l’équilibre du corps dans le strict respect de la réglementation et de l’efficacité de la technique. Pour lui, le travail technique doit être présent dans le travail d’endurance et c’est une de ses préoccupations constantes en même temps que la concentration sur chaque foulée, ce qui lui permet à tout moment de savoir exactement ce qu’il fait, ses fréquences cardiaques, sa lactatémie, même s’il ne rechigne pas à le vérifier scientifiquement lors de son entraînement. D’ailleurs Robert n’effectue pratiquement aucun travail en course, compte tenu de son souci d’intégrer la composante de l’exigence technique dans chacun de ses pas, quelle que soit son allure et les effets recherchés. Plus que sa VO2max, c’est la proportion d’utilisation de cette qualité qu’il s’attache à développer. C’est ainsi que pour bien maîtriser ses zones de travail il réalise un test de 6 fois 6 minutes de marche à six allures différentes, allant de l’endurance récupération où son allure lente correspond à des pulsations d’environ 120 jusqu’à une allure sub-maximale où malgré ses 33 ans le cœur de Robert pulse à 204-208. Son souci est de trouver l’allure qui lui permet de tolérer une lactatémie de 4 mmol et plus et surtout de relier ce seuil à une fréquence cardiaque et de trouver l’allure précise où le taux de lactate ne stagne plus ni ne monte plus régulièrement, mais progresse de façon si importante qu’il rend la poursuite de l’effort impossible ou trop coûteux. Robert KORZENIOWSKI dit effectuer beaucoup de travail dans cette zone qu’il qualifie lui même de non dangereuse et efficace. Sa conférence s’est déroulée en interactivité avec les entraîneurs et athlètes présents dans la salle, par le jeu des questions et des réponses.

Son entrainement et sa Préparation

Robert KORZENIOWSKI a passé deux heures à bien expliquer ce qu’il a fait à ses débuts sous la conduite d’un entraîneur qui est encore de nos jours à ses côtés, même si depuis 1995 il est lui-même le seul auteur et acteur de son entraînement. Si les grandes lignes respectent bien évidemment le découpage que nous connaissons habituellement, son guide reste l’intensité des allures qu’il dit ne jamais choisir dans des zones trop basses et inutiles, mais qu’il aime à jouer sur la durée de l’effort dans des zones qu’il sent efficaces. Jamais les séances ne sont isolées du travail technique, et Robert effectue du renforcement musculaire dirigé dans le sens des exigences de la discipline, des stages en altitude et pratique des soins de récupération judicieusement placés. Son rythme pour la saison est de 12 séquences par semaine avec une journée de récupération toutes les 4 à 6 semaines et 12 jours de repos social par an. Régime surprenant pour nous, amateurs et français, mais Robert a fait de la marche son métier et il le fait très bien, notamment en menant dans son pays une vaste campagne visant à rendre très populaire l’athlétisme et la marche en particulier, avec sa participation active à des épreuves de masse, populaires et médiatisées comme chez lui à Cracovie. Robert n’a pas les deux pieds dans le même sabot en domaine de commercialisation de son image, de partenariat commercial et d’image de marque : une ligne de vêtements existe maintenant et son site qu’il fait vivre chaque jour est très visité ( www.korzeniowski.pl). Ce qui devait nous surprendre c’est l’utilisation qu’il fait de la compétition dans son entraînement. Le triple champion olympique dit se servir de certaines compétitions pour se préparer et surtout pour vérifier, en période sensible, s’il est bien dans les zones et phases recherchées. Ces compétitions répétées sur des distances variables, ne lui posent pas de problème, même s’il dit qu’il aborde chaque compétition avec beaucoup de sérieux et de concentration. Jamais, pour lui, de compétition à vide, pour rire. Chaque athlète et chaque entraîneur a pu poser les questions utiles et les réponses furent directes et sincères, avant d’aller faire une sortie sur les rues de la ville en compagnie du sociétaire de l’US TOURCOING. Son regard est déjà fixé sur Paris 2003 et Athènes 2004.

Séance de terrain

Le dimanche matin sous la pluie et une température froide, Robert KORZENIOWSKI a dirigé une séance d’entraînement de 2 heures pour 20 athlètes. Beaucoup d’athlètes ont eu du mal à faire simple dans la première heure où Robert leur a demandé d’être de purs débutants et de se comporter en néophyte, comme il le fait en Pologne pour populariser la marche. On sait bien sûr qu’un geste d’aspect anodin effectué par le champion devient un casse tête pour le commun des marcheurs. Dans la deuxième heure Robert a insisté sur les sensations internes et la représentation mentale de son corps et des ses gestes notamment en matière d’appui au sol, de poids du corps, de centre de gravité, d’horizontalité des épaules et de la libération des articulations périphériques au bassin. Ses idées fortes sur la technique sont :

Le règlement

C’est la constante de Robert qui dit rechercher tout au long de son travail et en particularité avant les compétitions le geste juste, régulier et économique qui va lui permettre de prendre le départ sans penser à la pression du jugement. Il nous a dit par ailleurs qu’il trouverait stupide d’aller, ni même d’effectuer des recherches vers un jugement électronique de la marche, basé sur les pertes de contact, mais qu’un jugement basé sur l’élévation du fameux centre de gravité serait un indice pertinent du non respect du règlement et des deux fautes.

Conclusion

Colloque passionnant où tout le monde, quel que soit son niveau a pu trouver matière à réflexion et à progression. Robert KORZENIOWSKI est un formidable ambassadeur de la marche athlétique en même temps qu’un homme de communication très sympathique.

André GIMENEZ CTS responsable du Pôle espoirs Dauphiné-Savoie ( des images du colloque d’Aix sont disponibles sur le site de Robert)